Le parti radical
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Les premières minutes donnent le ton, avec cette voix off qui s'excuse, mots adressés à ce que l'on devine comme une famille. Ces mots seront seront presque les derniers. On n'en saura pas plus de cet homme qui se réveille sur la couchette de son voilier, un trou dans la coque. Pas même son nom, ni le son de sa voix. Son visage est celui de Robert Redford. J.C. Chandor lui colle aux basques , passager unique d'un long-métrage immersif et auquel aucune péripétie ne sera épargnée. L'acteur est de tous les plans, dans un silence monacal faisant la part belle à une symphonie marine menaçante, ainsi qu'aux craquements et aux bruits d'une coque soumise à ses colères.
Mais ici, le propos du réalisateur n'est pas de montrer que l'homme n'est pas grand chose face aux éléments ou à la nature. Il évite d'ailleurs très souvent les plans larges sur un océan infini, ou encore ceux réduisant la taille du voilier pour en montrer l'insignifiance. Non. Il s'agit avant tout, dans un premier temps, du quotidien le plus anodin à bord d'un bateau, puis rapidement, de survie, d'abnégation, de volonté. Enfin, d'acceptation.
Chandor réduit le spectateur au rang de témoin impuissant, comme l'est son acteur. Il filme sa volonté de survivre, sa désespérance, jusqu'à son abandon. Toujours dans un silence assourdissant, quand d'autres auraient vitupéré, appelé à l'aide, pris Dieu pour témoin.
Dommage simplement que l'empathie ne soit pas suscitée. Ce n'est pas la faute de Robert Redford ou de son réalisateur. Cette absence est due plutôt au fait qu'au final, l'homme navigue en dépit du bon sens, sans radio, sans balise de détresse ou moyen de signifier sa présence et son besoin de secours. La faute aussi à ces cinq dernières minutes,
où le naufragé agit en dépit du bon sens et surtout, vient contredire ce que le réalisateur a bâti pendant une heure trente en termes d'inéluctabilité de la situation de son personnage. Jusqu'au titre du film.
Dommage.
Behind_the_Mask, tout mouillé.
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Créée
le 5 juil. 2015
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