Je préfère Bach

Nan je déconne.
Ce serait ridicule de comparer quand on sait que le vrai boss c'est Beethoveen.
Cette fois ci j'arrête vraiment la blague et je parle du film.

Je lui reconnait une certaine excellence. Il est techniquement parfait, c'est un excellent film.
Les costumes sont beaux, les décors également et les acteurs sont très bons (ce rire mon dieu). La structure de l'histoire qui choisit de prendre le point de vue très humain de Salieri le jaloux est très intelligent puisque ça rajoute de l'humanité. Les personnages subissent beaucoup d'épreuves tristes mais comme c'est un peu des connards (l'un essaye de pourrir la vie de l'autre qui est arrogant) ils ne sont jamais présentés comme des victimes, et ça c'est cool.
Le choix de faire de l'histoire un flashback de Salieri, le montage et la réalisation rendent le déroulement de l'intrigue en ellipse temporelles très fluide et on ne s'ennuie presque pas en 3 heures.
Et puis la musique habite le film et le porte sur ses épaules tout du long. Même si je ne suis pas du tout un grand connaisseur de l'oeuvre et que je n'ai pas reconnu la majorité des morceaux lors des scènes d'opéra et autres (j'ai reconnu les noces de figaro quand même et les morceaux du requiem à la fin donc j'étais content ^^), et bien je retiendrai surtout les scènes où Salieri lit les partitions et surtout le climax où les deux personnages s'unissent.

Le film pose aussi des questions de fond ultra philosophiques par rapport au génie, à la création, au talent etc...
En présentant tout le tragique qu'amène la différence de talent de Mozart, toute l'animosité que cela génère, tout en le gardant humain et faillible dans son comportement, j'ai ressenti que le film dénonçait en quelque sorte l'obscurantisme, notre rapport aux génies et à l'injustice que cela soulève. La jalousie de Salieri et l'incompréhension de son entourage finissent par faire tomber Mozart dans la folie et la mort. Salieri s'en veut d'ailleurs car il était le seul à voir le talent divin et pourtant c'est lui qui tente le plus de provoquer la chute, même si Mozart s'en charge presque tout seul. À la fin il devient de nouveau le meilleur, mais il ne peut pas goûter à cette victoire vu qu'il n'en pas vraiment responsable et qu'il est effectivement redevenu le meilleur, mais le meilleur des plus médiocres. L'ironie atteint son paroxysme quand il finit par collaborer avec celui qu'il déteste et que celui-ci meurt juste après. Vraiment Salieri en vieillard est la personnification de l'échec de cette quête de la stabilité.
Je pourrai approfondir cette question du génie mais ça me semble compliqué de le faire maintenant à chaud, en sortant du film, et surtout en partant de ce film là qui laisse la question très ouverte. Et si je n'écrivais pas cette critique maintenant je ne l'aurai sans doute jamais faite car j'aurai voulu pousser l'analyse trop loin pour moi.

Je ne peux que vous conseiller de regarder le film pour vous faire une idée parce que j'ai vraiment l'impression de ne pas réussir à lui rendre honneur ou a ordonner mes pensées dans cette critique.

Et si la question de la musique et du talent vous intéresse je ne saurai trop vous conseiller "Que ma joie demeure", le spectacle d'Alexandre Astier. J'ai vu dans une interview qu'il avait été touché par ce thème que j'ai évoqué plus haut et ça ne m'étonnerait pas qu'il ait été très inspiré par le film pour écrire son spectacle. Il y joue Bach et évoque également la vie compliquée du compositeur qui ne rencontrait pas le succès à l'époque qu'on lui connait aujourd'hui, un peu comme Mozart, mais c'est traité avec beaucoup plus d'humour et de légèreté. Même si ça n'a pas du tout la même intensité dramatique et les grandes qualités du film, ni la grandiose musique, je trouve que le rendu est moins grandiloquent, moins écrasant et au final ça passe mieux. Moi je préfère en tout cas :)