Un film génial que j'ai découvert bien tard. En réalité, j'avais déjà vu ce film auparavant mais c'est de le revoir aujourd'hui qui m'a donné envie d'écrire cette critique. Déjà, le contexte historique de l'intrigue est super bien reconstitué et dans le même temps, Tom Hulce interprète de façon très moderne le personnage de Mozart avec sa folie, son langage familier et son rire complètement culte. Mais cette modernité, elle peut montrer un tuc : Finalement, la société d'aujourd'hui n'a pas tellement changé par rapport à celle du XVIème siècle.
Elle est toujours élitiste, avec le prestige de la cour et l'honneur du roi que tout le monde s'arrache. Il y a toujours ce besoin de reconnaissance. On marchandisait déjà la musique avec ces compositeurs motivés par les pièces d'or promises par leur commanditaire. Aussi, il y a encore cette liberté d'expression de plus en plus étreinte par un monde policé et esclavagé par la doctrine de la bienséance. Et oui, l'héritage de la période classique est toujours vivant les amis. A la cour, les œuvres ne doivent pas être choquantes, même si on veut quand même du spectacle, ou alors, il faut être habile pour dissimuler le message sensible. Et la figure royale est de toutes façons ici pour valider ou censurer. Mozart va être malin avec cela, il va gagner la confiance du roi et celle du public, ce qui va lui offrir une grande liberté artistique. Cette liberté de création aura été courte malheureusement, elle est tellement précieuse. Il lui a fallu batailler devant sa majesté pour réussir à jouer Le Mariage de Figaro par exemple.
Le film parle de cela aussi, en dehors de l'aspect purement biographique, il nous montre que c'est dur de créer, et cela de tout temps, parce qu'à chaque époque, il y a des embûches. Mozart le premier n'échappe pas à cette loi : il est en difficulté financière, premier obstacle à sa liberté artistique, il est obligé de composer pour ceux qui le rémunèrent bien, pour qu'il puisse subvenir à ses besoins ainsi qu' à ceux de sa femme et de son fils. Et enfin, on arrive à un des plus vieux problèmes de l'Histoire, la Rivalité. Elle est là depuis le début et elle sera là jusqu’à la fin. On a créé tout un système où les gens sont en compétition permanente, les uns contre les autres. Et c'est naturel. J'ai pas dit que c'était moral mais c'est naturel. Et cette rivalité naissante entre semblables est le produit de cette compétition. Et si elle est naturelle, c'est parce que l'être humain est fait pour ressentir un sentiment qui s'appelle la Jalousie. Ça aussi, c'est un obstacle intemporel à l'expression, et Mozart en a fait les frais (dans le film, car en vérité, Salieri n'aurait peut-être pas organisé la mort du compositeur, ce n'est qu'une rumeur).
Bref, allez voir ce film et Tom Hulce, coupe ta barbe et reviens, tu nous manques !