Amer c'est un objet purement cinéphilique, un ovni expérimental conçu par des fans fous furieux d'un genre, le Giallo, qu'ils revisitent sans jamais le parodier ni le singer bêtement.
Amer est d'abord un film féminin, un film sur la femme et sa psyché. Le film est découpé en trois parties, trois époques essentielles où le corps de la femme change : l'enfance, l'adolescence, l'âge adulte. L'enfance et ses peurs enfantines : la mort, les parents, la chambre, la peur de voir sous le lit, les trous de serrures, les portes qui claquent,... Puis l'adolescence, la puberté (quel beau plan que celui de la fourmi) et une sorte de prise de conscience du monde, une ouverture sur l'extérieur et la naissance du désir. Et enfin l'âge adulte, le retour sur soi, le passé qui ressurgit et que l'on veut revisiter.
Dans Amer il n'y pas de dialogues, le seul discours est celui de la mise en scène. Tout est question d'image et de son. C'est ultra formaliste et la sensation, les sensations naissent uniquement de la force picturale du plan. Et c'est d'une force émotionnelle vraiment impressionnante. Le film fait pourtant un peu peur au départ, semble n'être qu'un film de fin d'études sage mais peut être chiant. Mais plus on avance, plus on s'enfonce dans un dédale infernal de sensations que l'on n'imaginait pas trouver.
La bonne idée est bien sûr cette utilisation extrême et extrémiste des figures de style du giallo, du cinéma d'Argento, de Bava et de Fulci, afin non pas de les calquer sur une intrigue policière mais sur le corps d'une femme. D'une part. Et d'utiliser ses figures afin de disséquer le genre lui-même en offrant un objet de cinéma à la fois théorique mais également jouissif. Car le film n'oublie pas de l'être. Il est aussi très érotique et charnel.