Platon disait que le monde se divisait en deux parties (quoique, je ne suis même pas sûr que ce soit Platon mais allons-y).
Il y a le monde des apparences et le monde des idées. Nous vivons dans le monde des apparences, lorsque nous atteignons une certaine paix, nous sommes capables d’atteindre la contemplation des idées, on voit les choses autrement. On appel ça, le saut platonicien.
Ce que j’en retiens, c’est qu’une fois qu’on a compris ce qui se cachait sous les apparences, on est capable d’y voir la part belle, de faire le tri, garder ce qu’il y a de meilleur en nous, de ne regarder que ce qui est beau dans notre monde et de couler des jours heureux jusqu’à sa mort.
C’est ce sentiment que j’ai eu tout le long du film. Voir un monde fait d’apparences, de mensonges, puis voir le dessous des choses, me rendre compte de toute la cruauté de cette réalité, pour au final, n’en garder que le meilleur.
Je m’appel Owen, mais pendant deux heures, je m’appelais Lester.
J’ai du bide, alors pour aller mieux, j’ai décidé de faire un footing quotidien. Mon patron est un connard, alors j’ai démissionné et j’ai pris un boulot avec moins de responsabilités. Mon couple n’est qu’une façade, il ne se passe plus rien dans le lit conjugal, alors je suis allé voir ailleurs, et tant pis si ma femme me trompe.
Et tant pis si cette vie apaisante ne dure qu’un instant. Car cette oppression que j’ai ressenti toute ma vie, je l’envoie chier. J’envoie chier tous ceux qui se foutent de moi, j’envoie chier ma fille qui me déteste, j’envoie chier ma femme qui me trompe, j’envoie chier ceux qui me font chier, et au final, tout le monde est satisfait.
Je m’appelle Lester Maintenant je fume de la drogue, je fantasme sur la meilleure amie de ma fille, je bosse dans un fastfood avec un salaire de misère, je salie les meubles, je fais de la muscu à poil, j’achète une voiture hors de prix, mais je m’en fous, parce que c’est la vie que j’ai toujours rêvé. Une vie simple, hors de cette société de consommation déplorable, loin de ces sourires forcés, loin de ces homophobes racistes qui se croient patriotes, loin de ce boulot de merde. Et ça me plaît !
Je m’appelle Lester, avant j’avais une vie de merde, et depuis que j’ai fait ce saut platonicien, je vais mieux. Je me sens léger, comme si un poids que j’avais transporté durant quarante-deux années s’était volatilisé au moment où j’avais pris ma vie en main. Beaucoup diront que ce que je vis, c’est une crise de la quarantaine et que ça va passer, mais je ne suis pas d’accord. Ce que je vis, c’est une révélation.
Mon meilleur pote, Ricky est un psychopathe de dix-huit ans qui sort avec ma fille, qui me vend de la drogue et qui arrête pas de filmer ce qui se passe autour de lui. Lui aussi a compris le monde qui l’entoure, alors pour oublier son entourage pourri, il contemple les sacs portés par la brise matinale, il contemple cet oiseau mort étalé par terre, les tripes en l’air, le sang coulant sur l’herbe verte de son jardin. En fait, ce n’est pas un psychopathe, simplement un jeune qui a compris des choses, qui refuse de se laisser conditionner par l’éducation militaire de son père, et qui à cause de ça, est perçu comme étant différent.
Il y a aussi la meilleure amie de ma fille, Angela. Quelle beauté… Elle ne cesse de dire qu’elle couche avec tout le monde, qu’elle n’est pas banale, car cette banalité, c’est ce qu’elle craint le plus. Ce qu’elle craint, c’est vivre ce que j’ai vécu pendant quarante-deux années. C’est d’ailleurs pour elle je crois que je me suis mis à faire du sport. C’est elle qui m’a sorti de cette vie de merde, et rien que pour ça, elle est unique à mes yeux.
Ricky et Angela… c’est sans doute ces deux jeunes personnes qui m’ont sortie de ce quotidien misérable qui m’étouffait. Je leur dois tout, mon corps musclé, mon épanouissement, ma conviction, tout… Je les remercie du fond du cœur. Ils ont su m’ouvrir les yeux. L’American Way Of Life n’est qu’une vulgaire blague. Si le modèle de vie américain c’est faire semblant d’être heureux, alors je n’en veux pas, je le rejette.
Il n’y a pas de modèle de vie universel. Il y a SA vie, à soi, celle qu’on décide de mener. J’ai choisi MON modèle de vie, et je suis heureux d’avoir fait ce choix. Ça n’aura pas duré longtemps mais au moins j’aurai pu goûter à une chose :
La paix.

James-Betaman

Écrit par

Critique lue 249 fois

2

D'autres avis sur American Beauty

American Beauty
Gand-Alf
9

Suburbia.

Premier long-métrage de Sam Mendes, "American beauty" permet au cinéma hollywoodien de retrouver la verve qui était la sienne dans les années 70, empruntant au cinéma indépendant sa liberté de ton et...

le 20 oct. 2013

178 j'aime

American Beauty
Jambalaya
8

Des roses pour Angela.

Après s'être pendant très longtemps regardé le nombril, Hollywood et les États-Unis semblent avoir pris le parti depuis quelques années de regarder une partie moins reluisante de leur anatomie...

le 16 déc. 2012

114 j'aime

23

Du même critique

Coupez !
James-Betaman
4

Tout l'art d'être critique (ou pas)

Le principe même de ce remake avait de quoi intriguer. Ce n’était pas une première pour Michel Hazanavicius de se réapproprier une œuvre filmique afin de lui insuffler un vent de modernité (et son...

le 29 janv. 2023

53 j'aime

28

After - Chapitre 1
James-Betaman
1

Le digne successeur de 50 Nuance de Grey... On pouvait pas espérer mieux

Hier soir, je me suis couché en me disant que la nuit porterait conseil pour ma critique d'After. Tu parle ! J'ai passé la nuit à cogiter dans ma tête, cherchant un truc bien à dire sur ce...

le 18 avr. 2019

52 j'aime

12

The Kissing Booth
James-Betaman
1

La pire représentation de la jeunesse que j'ai pu voir dans un film

J'ai eu une discussion avec un ami sur beaucoup de choses, notamment sur la société et les jeunes. Cet ami, qu'on va appeler Jack, parce que ça sonne bien, m'avait livré ce qu'il considère comme...

le 15 août 2018

46 j'aime

15