Après s'être pendant très longtemps regardé le nombril, Hollywood et les États-Unis semblent avoir pris le parti depuis quelques années de regarder une partie moins reluisante de leur anatomie. American Beauty est un des exemples les plus marquants de cette vision plus lucide et réaliste de l'american way of life et de l'encore plus fameux american dream. Les Burnham sont de ces familles de banlieue chic idéalisée, mère/femme libérée, père en costume trois pièces attaché-case à la main et fille rebelle un rien gothique sur les bords. La meilleure amie de cette dernière, Angela, petite bimbo aux lèvres pulpeuses, minaude et se déhanche sans vergogne devant le père de famille. Son entrée dans la vie Lester, le père de famille (Kevin Spacey incroyable et hilarant) va dérégler le papier à musique du quotidien en bouleversant les codes sociaux et familiaux. La barrière de l'âge est abolie lorsque Lester tombe raide amoureux d'Angela, c'est là que l'humour entre en scène, lorsque Lester ressort une vieille paire d'altères et commence à refuser de vieillir pour plaire à Angela, trente ans de moins que lui. On rit souvent de bon coeur, on rit parfois jaune tant le film est cynique et grinçant. Les personnages (surtout les adultes) sont souvent pathétiques, tant leur belle assurance est ébranlée dans ses fondements par des événements et des pulsions sur lesquels ils n'ont aucune prise.

Annette Bening et Kevin Spacey sont saisissants dans ces personnages de parents idéaux ébranlés dans leurs habitudes et leurs certitudes. Kevin Spacey dévoile un talent comique insoupçonné mais qui n'est qu'une demie surprise tant cet acteur a un immense talent. Le symbolisme est un autre aspect marquant, ces roses rouges tellement présentes, symbole de passion, de possession et de perte de la virginité, celle d'Angela qui, faisant abstraction de la barrière de l'âge, tombe à son tour sous le charme de Lester et s'offre à lui car oui, contre toute attente (ou pas) elle est vierge. Le soin que l'on peut apporter aux apparences en prend alors un coup.

Angela prend toujours soin de laisser entendre à qui le veut qu'un régiment défile dans son lit chaque nuit, qu'elle a à peu près tout essayé un matière de sexe et quand on la voit, on la croit. Tout cela prend vie sur une bande originale des plus soignées, de celles que l'on peut écouter en voiture et instantanément les images du film défilent devant les yeux. Les thèmes abordés, la banlieue chic, les voisins étranges, la voix off d'un mort laissent la très forte impression que la série Desperate Housewives s'est ouvertement inspirée de ce film. Que les producteurs de la série se rassurent, on ne leur en veut pas, ils ont rendu hommage à un des films les plus percutants de ces dernières années sur la société états-unienne.
Jambalaya
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le 16 déc. 2012

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