American Beauty est le film qui retrace à merveille la vie d'une fleur. Tout est finalement représenté sur l'affiche : une rose - allégorie de la beauté - à l'apogée de sa grâce, mais qui menace de se faner à tout moment. Elle est éphémère, c'est ce qui la rend précieuse et magnifique à la fois, si bien que si on a le malheur de soulever un pétale, on ne tardera pas à constater la naissance de pourriture à l'intérieur.


Sam Mendes reprend la finesse de la rose pour réaliser son film. Tous les plans font émaner une douceur agréable, une volupté subtile qui révèle une photographie très travaillée rendant son travail sur la superficialité parfaitement réussi jusqu'au bout.


Derrière la façade de ce magnifique quartier bourgeois américain se cache beaucoup un lot de fantasmes inavoués. Sam Mendes se pose en parfait spectateur de ce quartier en pleine débauche et nous livre à ce bordel ambiant, comme s'il nous emmenait espionner de façon malsaine la vie des gens, et d'une certaine façon la notre. L'utilisation de la caméra est à cet effet parfaitement stratégique, notamment par le double jeu caméra-film / caméra-Ricky qui s'attache à filmer tout ce qu'il observe.


Et finalement, c'est lui qui a tout compris. En se positionnant en retrait avec sa caméra, il met en abîme cette vie pleine de clichés et d'hypocrisie, matérialisée par la virilité de son père qui se solde par son profond mépris des homosexuels dû à son refoulement personnel. Le père Burnham se pose également en Sage, avec sa grande lucidité. Il nous fait parvenir également sa désillusion des relations humaines tout au long du film entre l'adolescence de sa fille, son fantasme sur l'amie de sa fille, son travail scandaleux et l'adultère de sa femme. Se laissant tenter par la luxure, le désir du pêché de chair devient ainsi prépondérant dans son esprit.


C'est pourtant tardivement qu'il prend conscience qu'au cœur de cette fleur pourrie se trouve sa famille. C'est ainsi face à un cliché de sa femme et de sa fille que cette vérité lui éclate en pleine face, cette révélation se matérialisant par une balle dans le crâne, jusqu'à ce que cette dernière ne tombe sur la table du salon, sur laquelle se trouve… Un bouquet de roses.

Rachel_Youya
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Ce film me prend aux tripes ! et Mon top 10 des meilleurs films de la Terre entière en toute modestie

Créée

le 15 juil. 2013

Critique lue 596 fois

3 j'aime

2 commentaires

Rachel Youya

Écrit par

Critique lue 596 fois

3
2

D'autres avis sur American Beauty

American Beauty
Gand-Alf
9

Suburbia.

Premier long-métrage de Sam Mendes, "American beauty" permet au cinéma hollywoodien de retrouver la verve qui était la sienne dans les années 70, empruntant au cinéma indépendant sa liberté de ton et...

le 20 oct. 2013

178 j'aime

American Beauty
Jambalaya
8

Des roses pour Angela.

Après s'être pendant très longtemps regardé le nombril, Hollywood et les États-Unis semblent avoir pris le parti depuis quelques années de regarder une partie moins reluisante de leur anatomie...

le 16 déc. 2012

114 j'aime

23

Du même critique

La Vie d'Adèle - Chapitres 1 et 2
Rachel_Youya
9

"Le rire joue en ton visage, comme un vent frais dans un ciel clair" Baudelaire

C'est avec beaucoup d'émotion que je suis sortie de l'avant-première de La Vie d'Adèle. Des frissons plein les bras et la boule au ventre, je m'attaque à présent à l'écriture de mon ressenti. Après...

le 4 oct. 2013

14 j'aime

3

Avant le Déluge
Rachel_Youya
3

Le millionnaire au pays des ours blancs, ou comment Di Caprio dessert l'écologie politique

On se l'accorde. Ce film a le mérite d'exister, il permet de vulgariser tout un tas de données scientifiques, de sensibiliser un large public sur le réchauffement climatique, blablabla. Je vous...

le 21 déc. 2016

12 j'aime

3

The Lost City of Z
Rachel_Youya
4

Une forêt d'ennui

Halte aux spoilers ! C'est avec une scène d'ouverture plutôt prometteuse, ornée de plans d'ensemble et de plans généraux accompagnant une partie de chasse rythmée que s'ouvre The Lost City of Z. Je...

le 24 mars 2017

11 j'aime

2