American Beauty, film de Sam Mendes, réalisé en 1999, a connu son succès dès sa sortie. Une fois que nous avons vu le film on ne se pose pas la question du pourquoi. En effet, le film mérite toutes les nominations et tous les prix qu’il a reçus. Véritable satire sociale et critique de la société suburbaine américaine, il sait provoquer chez le spectateur une attente et un attachement à l’histoire alors que la fin est annoncée dès les premières minutes du film, Lester Burnham (Kevin Spacey) annonçant que dans un an il est mort, mais que d’une façon, il est déjà mort.
Lester Burnham est le héros du film, mais au début, – ou même jusqu’à la fin -, il n’est pas vraiment ce que l’on pourrait qualifier de héros. Homme ordinaire, n’ayant rien en dehors du commun, traîne les pieds dans son habituel train-train quotidien, businessman de bas niveau et père d’une famille à la façade normale. Satire de cette société suburbaine dans le sens où, vu de l’extérieur, Lester, sa femme Carolyn (Annette Bening) et sa fille Jane (Thora Birch) paraissent normaux, l’ado isolée, mal dans sa peau, et la mère sans défauts.
Ce n’est qu’après que l’on se rend compte de la véritable nature des personnages. Les événements les rendant ridicules et névrosés s’enchaînent, commençant par le soir où Lester éprouve un désir imminent quand il rencontre l’amie de sa fille, Angela. Première étape de la vie pas très nette de cette famille américaine : l’homme d’une quarantaine d’années éprouvant un sentiment à la « Lolita » pour l’adolescente de 16/17 ans, choquante mais pas inhabituelle. Ce désir pourtant fréquent, – illégal mais qu’on ne peut pas empêcher – suscite beaucoup de questions, est-ce que c’est vraiment aussi malsain que l’on pense ? La scène qui montre la prise de conscience de ce désir et la sensualité de celui-ci montre bien l’idéalisation que Lester a de la jeune fille à l’apparence angélique : disparition des personnages autour, projecteur dirigé sur elle, et se dénudant progressivement parmi des roses rouges symboliques.
Mais ce film n’est pas pour autant basé sur la relation « Lolita-esque » de ces deux personnages, mais elle engendre tous les événements catastrophiques qui vont suivre, et notamment la rébellion de Lester. Cette rébellion qui se veut courageuse mais qui en fait est pathétique et même tragique. L’homme qui subit la crise de la quarantaine se trouve entraîné dans une mort proche à laquelle il ne peut échapper.
Peu à peu les vraies facettes des personnages se révèlent : la femme aux airs prudes trompe son mari, endoctrinée par l’obsession du succès, le mari qui quitte son quotidien habituel pour devenir un ado stoner travaillant dans un fast-food et préoccupé par son apparence dans le but de plaire à Angela, et la fille mal dans sa peau qui tombe amoureuse de Ricky (Wes Bentley), un garçon troublé mentalement qui la filme depuis sa fenêtre et vend de la drogue au père de celle-ci. Sans oublier l’ironie de l’homophobe homosexuel, le père de Ricky (Chris Cooper).
Histoire complètement absurde dont les événements s’accumulent pour conclure tragiquement un soir, mais pourtant pas si loin de la réalité suburbaine, ni des mentaux de ses habitants. Le film montre la peur de vieillir, de déplaire, de tomber dans l’oubli et la recherche la jeunesse éternelle tout en étant conscient de ses actes. Lester a beau avoir tout perdu, il s’est battu pour devenir la personne qu’il désirait être.
emyhrfrd
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les films les plus tristes et Les meilleurs films américains (USA)

Créée

le 28 févr. 2015

Critique lue 1.4K fois

10 j'aime

1 commentaire

emyhrfrd

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

10
1

D'autres avis sur American Beauty

American Beauty
Gand-Alf
9

Suburbia.

Premier long-métrage de Sam Mendes, "American beauty" permet au cinéma hollywoodien de retrouver la verve qui était la sienne dans les années 70, empruntant au cinéma indépendant sa liberté de ton et...

le 20 oct. 2013

178 j'aime

American Beauty
Jambalaya
8

Des roses pour Angela.

Après s'être pendant très longtemps regardé le nombril, Hollywood et les États-Unis semblent avoir pris le parti depuis quelques années de regarder une partie moins reluisante de leur anatomie...

le 16 déc. 2012

114 j'aime

23

Du même critique

American Beauty
emyhrfrd
10

Look closer...

American Beauty, film de Sam Mendes, réalisé en 1999, a connu son succès dès sa sortie. Une fois que nous avons vu le film on ne se pose pas la question du pourquoi. En effet, le film mérite toutes...

le 28 févr. 2015

10 j'aime

1

Interstellar
emyhrfrd
10

Des étoiles pleins les yeux

…et dans tous les sens du terme. Difficile d’écrire une critique sur son film préféré! Encore un chef d’oeuvre de Nolan, qui fascine par la mise en scène, le scénario, les effets spéciaux, sans...

le 17 déc. 2014

6 j'aime

2

Love
emyhrfrd
9

Critique de Love par emyhrfrd

Ce film peut se résumer en un mot, la passion. La passion étant de souffrir d'amour tant il est puissant tout en étant comblé par l'autre et empli d'un bonheur inexplicable... La chronologie inversée...

le 27 juil. 2016

3 j'aime