La beauté de l'humanité

La première fois que j'ai vu ce film j'étais bien jeune, j'étais resté sur une fin qui me dépassait et un film difficile pour un enfant, voilà de quoi il s'agit, un film complexe qui retrace toute la complexité de l'homme. La complexité de sa personnalité ainsi que celle de ses relations: si les personnages avaient été à même de dialoguer et de clarifier leurs attentes et besoin, leur situation aurait été beaucoup plus agréable à vivre.
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Tous les personnages présentés ici apporte quelque chose à cette oeuvre, le narrateur tout d'abord, il montre l'évolution constante des hommes, la dualité de ses besoins et de ses actions qui n'est en fait qu'une continuité maquillée. Il s'indigne de sa situation et se sent extérieur à son monde, il cherche sa place et retourne à ses envies primaires qui une fois assouvies lui rappellent son parcours et les bonnes choses qu'il a vécu sans s'en rendre compte. Sa femme est obsédée par sa carrière, sa réussite et ce que les autres pensent d'elle, elle souhaite que tout soit toujours en ordre mais ce n'est que lorsque le désordre s'installe qu'elle se sent vivre, curieux n'est-ce pas?
L'homme avec lequel elle trompe son mari est ce dont elle a toujours rêvé d'être et d'avoir, c'est seulement après l'avoir obtenu et donc en quelque sorte vécu qu'elle peut comprendre sa situation.
Ce couple est donc, en apparence et pendant quelques temps, une complémentarité apparemment très différente et séparée bien qu'on puisse comprendre que finalement les deux personnages vivent à leur manière une même expérience nécessaire à leur réharmonisation.
Leur fille pâti elle aussi de leur histoire, elle vit sans repère et a donc besoin de briser les liens afin de pouvoir se construire de toute pièce, elle voit donc un homme dénué d'émotions visibles qui vient l'apaiser et lui offrir le calme dont elle a besoin pour se forger.
Ce personnage est très énigmatique, ce qui a valu à ce film mon incompréhension la première fois, il s'agit en fait d'un homme introverti, bien loin des normes fixées par la société américaine, il semble bizarre à la majorité, il apprécie les choses inanimées, à connotation négative, cela est dérangeant... Pourtant comme il le dit au milieu du film, il y voit toute la beauté du monde, il a besoin de s'écarter de l'humanité pour admirer la vie, il voit en un sac plastique une image bien plus réelle que celle que reflète l'homme de la vie et la joie, il voit sa propre image, celle de dieu comme il pourrait l'appeler.
Son père est tout le contraire, il semble être un militaire attaché à la discipline et c'est le cas mais ce n'est qu'en se penchant sur son histoire et sur ses actions que l'on peut comprendre son attitude, il vit dans un milieu qui ne tolère pas, qui évince les gens comme lui, homosexuels. C'est pourquoi il rejette ses voisins si aimables, c'est pourquoi il se plie aux règles fixées par son milieu et qu'il les impose à ses proches, pour ne pas vivre à l'écart et sous le jugement des autres. La violence morale l'a mené à agir violemment et à se violenter lui-même.
Angela enfin, l'amie de Jane, mène une vie superficielle, basée sur son apparence et ce que les autres peuvent penser d'elle, elle se fait passer pour une fille qui va vers les hommes mais cela révèle finalement son besoin de sortir de la masse, ce n'est que lorsqu'elle est reconnue comme particulière (comprendre: un élément faisant parti d'un tout mais dissociable de ce dernier) qu'elle admet et s'admet mentir et se mentir.

Après donc plusieurs années je vois en ce film un véritable reflet de différents aspects de l'humanité, sa complexité et sa beauté qui montrent que tout n'est pas visible au premier regard et que toutes les situations que nous vivons permettent de vivre réellement.