j'ai revu American Beauty hier soir. j'avais oublié à quel point ce film est un chef d'oeuvre de subtilité, aucun personnage manichéen, juste des personnes oppressées par le cadre de la société, par sa morale, qui ne laisse aucune place à la "faiblesse", aux sentiments. un film nietzschéen ?:

ATTENTION SPOILER

- monde capitaliste sans vergogne qui jette à la poubelle les personnes...,
- réussite absolue (tous les personnages (celui de la mère de famille est d'ailleurs très intéressant, y'aurait beaucoup à dire à son sujet)),
- & donc obligation de perfection,
- homosexualité (les voisins)

et finalement celui qui a le courage de casser ce cadre imposé et oppressant c'est le père joué par l'excellent Kevin Spacey. c'est un personnage nietszchéen, un surhomme qui va aller au-delà de la "morale" pour s'accomplir:

- la démission de son emploi dans la publicité (quel meilleur symbole que celui-là ?) en écrivant une lettre dans laquelle il insulte le système à travers les personnages qu'il mentionne. et son "chantage" pour obtenir une année de salaire, son supérieur lui disant qu'il est un bel enfoiré, et lui de répondre "non, je n'ai juste plus rien à perdre" (en gros). il est un enfoiré pour celui qui baigne dans le système (le système où il faut accepter les licenciements dans la boite sous prétexte d'économies alors que le patron s'envoie en l'air avec des putes à 30000€ la partie de baise), mais avec du recul c'est un personnage presque héroïque, un esclave qui se libère de ses chaînes.
- volonté de n'avoir aucune responsabilité, alors qu'il est de bon ton d'en avoir car ça fait adulte: ce qu'il n'est finalement plus aux yeux de la société (le symbole c'est la scène dans le salon, lorsque sa femme arrive, il joue avec une voiture télécommandée et va essayer de la reconquérir. le charme opère mais au moment de se laisser aller, au moment où tout aurait pu basculer, sa femme se reprend et redevient une mère face à un enfant)).
- et le plus important: son attirance pour une mineure de 16 ans, l'amie blonde de sa fille, qui à première vue peut sembler malsaine et purement sexuelle (du fait de l'écart d'âge mais aussi parce que lorsqu'elle parle du père de son amie ce n'est qu'en termes purement sexuels ("je lui sucerai sa grosse bite à lui en faire crever les yeux"), cette attirance se révèle finalement être une affaire plus profonde que cela (les nombreux moments où il l'imagine nue avec ces pétales de roses rouges qui lui explosent au visage (symbole d'amour), mais surtout cette superbe scène où ils vont se rapprocher pour finir sur le lit (d'un érotisme et d'une beauté absolue !).

ce qui est drôle c'est que celui qui semble n'avoir aucune morale est finalement celui qui en a le plus. subtile. il n'a jamais trompé sa femme; refuse de se soumettre à un système pourri; sa façon de repousser avec tact le père du voisin qui refoulait son homosexualité; et sa réaction lorsqu'il apprend que la fille de 16 ans est encore vierge (alors qu'on croit le contraire !) est d'une pureté et d'une beauté ! comme s'il faisait un pas vers son "absolution". la dernière scène est d'ailleurs terrible, alors qu'il a accompli son but, alors qu'il touche le bonheur du bout des doigts, symbolisé par cette photo de famille, le système le rattrape, cruel.

il est nietzschéen à mon sens car il va au-delà du bien et du mal.

et malgré une atmosphère assez triste il est d'un optimisme à toute épreuve. il y a tellement de choses à dire sur ce film... il n'a pas pris une ride, c'est certainement un des plus grands films de ces douze dernières années, et je pèse mes mots.
MC_Sauteuse
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le 20 mars 2012

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MC_Sauteuse

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