Nous voilà enfin en présence du nouveau long-métrage de David O. Russell, responsable des très bons "Fighter" et "Happiness Therapy". Même si le pitch ne me branchait pas, le casting me faisait sérieusement envie.
Retour sur un film, futur oscarisé et phénomène cinématographique de 2014.

- Fuck 'Em All -

J'ai tendance à comparer "American Hustle" à "Jackie Brown", oeuvre souvent oubliée de Quentin Tarantino. Pourquoi ? Tout simplement, car, dans ces deux longs-métrages, les personnages principaux sont des baiseurs en chef, rois de l'arnaque et du sourire hypocrite. Il suffit de voir l'allure de yuppie désabusé de Christian Bale, avec son gros bide, ses lunettes de mouche et sa calvitie non-assumée ; ce mec est une ordure, obnubilé par le fric. Aucun état d'âme... au début.
Car le film se base essentiellement sur lui, même si Russell se permet quelques écarts sur d'autres personnages. Irving Rosenfeld est un homme qui semble ne se foutre que de sa petite personne. Pourtant, tout au long du film, nous assisterons à sa destruction orchestrée ses désirs et ses faiblesses. L'argent ne fait pas le bonheur, ouais.

Mais Irving n'est pas le seul "connard" du film. Tous le sont, même l'agent du FBI malmené et avide de gloire interprété par un Bradley Cooper bronzé et amusant. L'antipathie est omniprésente, s’infiltrant des les mœurs et gestes. Jennifer Lawrence campe une femme pourrie-gâtée insupportable, Amy Adams une créature machiavélique, perdue en elle-même, Jeremy Renner (formidable) un maire vendu, avare et envieux... et la liste continue.
Russell ne privilégie aucun de ses personnages, chacun est victime de soi-même, la faute à l'amour, la soif du pouvoir, la cupidité et j'en passe. "American Hustle" dresse le portrait de l'envie de l'Homme, "toujours vouloir plus, pour toujours en perdre un peu plus". Il est impossible d'éprouver une quelconque compassion pour ces individus, c'est un autre monde. Un peu comme dans les bouquins de Bret Easton Ellis, pour inclure une référence littéraire.

- This Is Gonna Hurt -

"American Hustle" est un bon film, oui, mais pourtant, il souffre de quelques défauts qui lui empêche d'être au même niveau que "Fighter" (par exemple). Le principal problème, c'est que le contenu est totalement hermétique. Le fait de ne pas pouvoir aimer les personnages n'est pas un réel souci, c'est surtout que l'univers semble fermé aux spectateurs. Contrairement à "Happiness Therapy", David O' Russell n'incorpore pas d'éléments de reconnaissance simple, peut-être est-ce à cause de l'univers clinquant ? Qui sait. Il m'est assez difficile de rendre compte de cette particularité par de simples mots.
Ce problème découle directement sur le rythme du film. Il contient certaines scènes assez ennuyeuses, manquant d'impact dramatique ou comique. C'est vraiment dommage que Russell ne soit pas entré dans le jeu à fond les manettes. Même les situations cocasses sont ratées, la faute à une prise de risque minimum et une tendance à ne pas assumer le registre sous-entendu.
Niveau réalisateur et musique, rien est à redire. Un travail sérieux et admirable est proposé dans ces deux domaines.

- The Robert, Hail to The King -

Je me dois de parler du Robert. Le bonhomme nous en fout plein les yeux lors d'une scène dantesque, où le septuagénaire renvoie dans les orties un paquet d'acteurs. Certains trouveront son intervention sympathique, mais à mes yeux, c'est l'équivalent d'une jouissance interne, puis externe. Pour changer, il donne son visage à un mafieux. Pas de mythiques grimaces à l'horizon, juste sa présence, sa putain de présence. J'étais rêveur.
(et il parle aussi bien français qu'arabe).

"American Hustle" est un bon film, bien que souffrant de passages inégaux et d'un manque de cohésion, il n'en reste pas moins agréable, ne serait-ce que pour l'incroyable Christian Bale et Robert "Dieu" De Niro.
Nikki
7
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le 1 févr. 2014

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