Ouvre un Coca-Cola, ouvre du bonheur.
[Spoiler alert : An american crime et The girl next door]
Bon, difficile de donner mon avis sur ce film sans le comparer à The girl next door, et je compte pas m'en priver.
Si les deux essaient d'apitoyer le spectateur à l'extrême - en même temps avec une histoire pareille pas évident de faire un long-métrage d'action ou une comédie pour enfants - la différence réside dans le fait que TGND parait vouloir choquer pour choquer (s'il est obligé de secouer son audience (comme je veux bien le lui concéder) il part un peu trop dans tous les sens) contrairement à AAC qui montre bien moins de details directement tout en restant bouleversant et en allant crescendo aussi.
Un peu plus subtil, mais toujours corsé.
Surtout, l'héroïne de AAC est plus attachante de par le fait que cette Sylvia Likens n'a pas l'air d'une débile qui accepte tout par naïveté et manque de force de caractère. Celle présentée ici donne davantage l'impression d'être une jeune fille correcte des 60's et non un pantin qui se laisserait faire dans n'importe quelle situation de toute façon.
D'ailleurs en général les performances d'acteurs sont bien plus convaincantes dans cette version, j'ai vaguement parlé d'Ellen Page, mais je pense aussi à Catherine Keener (la mère) qui tout en perpétrant des actes moins grand guignolesques que ceux de l'autre (mais aussi horribles) parvient à être encore plus effrayante (car moins simpliste dans son portrait psychologique). On remarque que les personnages ne sont jamais trop manichéens en opposition à ceux de TGND : Sylvia n'est pas une sainte mais une fille normale bien élevée, la mère se trouve des excuses de troubles mentaux dus à son automédication qui suscitent une peur irraisonnée, elle doit également faire face à une dépression et au manque d'argent (à l'opposé de la blonde qui semble torturer par plaisir ; elle laisse penser qu'elle fait vraiment ça pour le bien-être de sa famille, ou plutôt qu'elle en est intimement persuadée), et les enfants se lâchent un peu moins et paraissent bien plus horrifiés, avant de plaider eux-même contre leur mère au procès final.
Si TGND joue sur des vices plus lascifs, comme l'inceste, le désir sexuel d'adolescents refoulés, AAC jongle beaucoup plus avec des sentiments tels que la jalousie, la peur, l'hypocrisie ou autres...
Ce qui m'avait le plus agacé dans TGND c'est aussi la morale à deux balles du narrateur... ici on a une conclusion un peu naïve mais justifiée car le tout est raconté par une gamine de 15 ans, et pas par un homme de 50, ça passe donc beaucoup mieux.
J'ai pas trop aimé l'espèce de twist à la fin, mais on peut pas tout avoir. Le film nous induit assez grossièrement en erreur, cependant si on est bon public on avale la pilule.
Bref, en résumé : si on doit le comparer à TGND, AAC est celui que je préfère. Mais pris tout seul il est plutôt moyen, difficile d'accrocher à un film qui rapporte une histoire aussi chargée, le spectateur lambda a besoin de respirer par moments et là c'est juste impossible. j'ai bien aimé quand même, principalement pour les acteurs.
Le réalisateur a compris qu'il faut un minimum de retenue pour ne pas basculer dans l'imbuvable et ne pas saturer son public, il a plutôt bien géré ce fait-divers, mais c'est toujours trop, le fantôme tout ça... c'est abusé. Pas mal malgré ça.