American History X, malgré son titre racoleur, n’est pas un film de cul. C’est un film sur la haine raciale, en particulier la haine des noirs, d’où le X, probablement une sorte de clin d’œil à Malcom X qui n’en demandait sans doute pas tant.


American History X, c’est aussi l’un des films les plus surestimés de l’histoire. Pourquoi ? Sans doute parce qu’il fait appel à ce bon vieux pathos qui fait pleurer dans les chaumières, impresionne les jeunes influençables et vous fait passer pour un gros insensible si vous n’aimez pas.


Pour le fond, voyez plutôt le scénario :


Derek est un méchant. Il est élevé dans une famille de méchants nazis. Il n’aime pas les noirs. Tellement pas qu’il éclate leurs dents sur les rebords du trottoir devant chez lui. Un dur, un vrai. Quelqu’un que l’on déteste même s’il a le joli minois d’Edward Norton.


Derek va en taule. La taule, c’est bien. C’est là que les méchants découvrent qu’être méchant ce n’est pas bien. Après s’être fait un peu refaire les fesses (parce que la taule c’est aussi une profonde introspection), Derek comprend que tous les noirs ne sont pas méchants grâce à un noir sympathique qui partage sa cellule. Derek devient donc gentil.


Derek sort de prison, il n’a plus la boule à zéro car la boule à zéro, c’est la coupe des méchants.
Derek retourne dans sa famille et pas de bol, son petit frère est en train de devenir lui-aussi un méchant. Derek essaie donc de lui dire qu’être méchant ce n’est pas super, que les noirs, en fait, ils sont comme les blancs (et les autres couleurs) et qu’il faut tous qu’on soit potes.


Mais le passé et l’entourage ont la vie dure et tout tournera bien évidemment au drame.


Le message du film est donc le suivant : le fanatisme et le bourrage de crâne poussent sur les mauvaises herbes familiales. La rédemption passe par la prison. Le courage c’est d’aimer. Très novateur comme discours, en effet !


Pour la forme, c’est encore pire. Le réalisateur Tony Kaye vient de la pub et ça se sent ! Effets chocs, ralentis, images enrobées et veloutées, noir et blanc, musiques christiques… C’est un festival bien sirupeux auquel on assiste. Aucun effet de style ne nous sera épargné jusqu’à un final dégoulinant qui achève toute tentative de racheter le film.


Dommage, car le sujet est intéressant mais nécessitait sans doute une certaine dose de subtilité pour ne pas tomber définitivement dans le racolage caricatural.


American History X, c’est donc un bon gros pet moisi, qui fait croire qu’il sent la rose mais qui ne transporte finalement qu’un nauséabond message tellement simpliste qu’il en perd toute substance. Pour une variation française de ce type de traitement à l’écran, voir le film La Rafle sur l’occupation nazie.

HenriQuatre
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le 20 avr. 2015

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