American Nightmare par Caine78
C'est vrai : « American Nightmare » s'oriente parfois vers des pistes plus prévisibles, l'empêchant d'être totalement abouti, lui donnant un côté « survival » pur et dur que certains trouveront frustrants. Si ces « faiblesses » sont évidemment à prendre en compte, je ne peux pourtant m'empêcher d'adhérer quasi-totalement au résultat. Sombre, violent et presque sans concessions, James DeMonaco (déjà auteur de l'excellent « Little New York ») nous livre une peinture sans fard de la société américaine, un futur proche que l'on imagine sans peine devant tous les discours réactionnaires que l'on peut entendre aujourd'hui à longueur de journée.
Ainsi, sur une idée absolument géniale (tout crime est légal pendant 24 heures), le réalisateur, maîtrisant intelligemment ses effets pour nous offrir quelque chose d'aussi violent physiquement que psychologiquement, parvient à créer un suspense particulièrement redoutable pendant 85 minutes, le tout soutenu par une exploitation remarquable du décor et d'une photographie terrifiante de noirceur. De plus, s'il y a un minimum les gentils d'un côté et les méchants de l'autre, cela n'est pas aussi simple, et le rebondissement final (bien qu'un peu attendu) reste à ce titre aussi crédible que bien vu.
Enfin, « American Nightmare » peut se targuer d'avoir imaginé un méchant d'anthologie, magistralement interprété par l'impressionnant Rhys Wakefield (un nom à suivre de très près), rappelant assez furieusement les « bad guys » de « Funny Games » sans jamais les copier. Bref, si certains seront probablement frustrés (ce que je peux comprendre) d'être passés à côté d'une œuvre majeure, je préfère personnellement retenir le positif et le plaisir intense que j'ai pris devant ce spectacle de premier ordre à bien des égards, sur le fond comme la forme : une réussite.
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