"The purge, like, litterally" ou "Beat-Up The Hobo Night"

J'ai plusieurs problèmes avec ce film. Etonnamment, ce n'est pas tant le fait que le message du film soit totalement annihilé par le fait que le principe de base complètement faux que la purge puisse faire baisser réellement tant que ça la criminalité n'est jamais réellement infirmé dans le film. Non, c'est plutôt le fait que tout le film souffre de ce qu'il n'arrive jamais pleinement à saisir les opportunités qui s'offrent à lui.


Du coup, je vais expliquer ceci en les listant. On a donc l'histoire, qui préfère se focaliser sur "les pauvres sont plus gentils que les riches, sauf certains", plutôt que "la purge c'est débile comme principe en soit".


Et en écrivant ceci je me rends compte qu'avant de continuer la liste, qui risque de ne plus vraiment en être une du coup, je me dois de parler un peu mise en scène et surtout écriture. Si la mise en scène n'est pas mauvaise, elle n'a pas non plus de réel éclair de génie. Quelques trouvailles sont sympathiques, mais la plupart sont annulées par une écriture médiocre. Et on en vient au coeur du problème.


Commençons par le plus Captain Obvious, à savoir que l'exposition est vraiment à la ramasse. Chaque point qui jouera son importance par la suite dans l'histoire est non seulement très mal exploité par la suite, ce qu'on verra après, mais surtout dès le début très mal introduit, de façon souvent ultra-grossière, surtout lorsqu'on rapporte cette introduction à l'exploitation qui est faite dudit point par la suite.


Je vais ici lister (c'est la thématique de la critique apparemment) lesdits points : (ah oui et ça va être plus ou moins


SPOILER)



  • Le gamin a un passage secret dans la maison qu'apparemment sa soeur connaît. Bien entendu celle-ci a l'idée de s'y abriter au pire moment possible. Mais par la suite, nombre de personnages auraient pu trouver une utilité à cette cachette laissée vide, mais personne ne l'utilisera plus jamais...


  • Le gamin, toujours lui, a, comme trop souvent dans ce genre de films, une maladie (j'ai un trou, on s'en fout), qui fait qu'il a une montre qui bip pour indiquer son rythme cardiaque. Enfin, au début elle semble biper pour lui indiquer de prendre ses médocs, puis quand son rythme cardiaque est trop élevé, puis... pour que le spectateur comprenne bien que papa vient de mourir dans les bras de sa famille... Alors on peut d'un côté souligné l'effort fait de ne pas utiliser le classique 'le gamin fait une crise au pire moment", mais vu qu'on a vu plus haut que la gamine fait sa boulet à sa place, on peut aussi se dire que toute cette histoire de gamin malade juste pour une idée de mise en scène qui rend assez mal au final (la mort du père explicitée par le bip ralentissant de la montre), c'est un peu de la perte de temps d'attention pour le spectateur.


  • On nous montre que les voisins sont vener après la famille parce que le mari leur a vendu un système de sécurité (qui s'avère d'ailleurs obsolète), on nous fait poindre l'idée qu'ils vont attaquer, vu qu'ils font une soirée à laquelle la famille n'est pas invitée, mais on leur donne quand même une réplique pour bien expliquer qu'ils ne l'auraient pas fait, et l'ont fait si tard dans le film juste parce qu'ils ont profité de l'autre attaque... Ce qui, pour ceux qui auront vu le film en lisant ces lignes s'accorderont sans doute avec moi pour dire que c'est inutile, en sus de n'avoir que peu de sens...



FIN DU SPOIL


Bon j'arrête là la liste, mais ce n'est pas finit en ce qui concerne mes griefs envers le scénar. On abuse du jump-scare médiocre comme dans les films d'horreur, des scènes de trauma à la "j't'attache pour mieux te buter" comme dans les torture-porn, mais tout ça dans une ambiance film "propre sur lui" que quelques éclaboussures de ketchup n'arrivent pas à masquer. Bref, rien de bien mémorable niveau tension cinématographique.


Et puis on en revient à mon grief principal, l'écriture. Donc on a vu plusieurs opportunités de ficèles scénaristiques éculées, maintenant on va voir des exemples de mauvaise écriture. Ou plutôt un exemple à multiples facettes, à savoir l'identification aux personnages.


IL EST STRICTEMENT IMPOSSIBLE DE S'IDENTIFIER AU MOINDRE PERSONNAGE DU FILM SI ON A UN MINIMUM D'AMOUR PROPRE.


SPOIL



  • Le père est un gros con prétentieux qui prend soudainement et trop tard conscience de ses actes et tente de se racheter, ce que le film fait pour lui en le tuant.


  • La mère et la fille n'ont aucune consistance et ne servent que d'éléments narratifs.


  • Le fils non plus n'a aucune consistance, sorte de "gamin parfait" insupportable et insupportablement cliché, mal joué qui plus est, et son seul salut est d'être la seule âme à peu près charitable du film.



Quand au clodo, le seul personnage auquel on pourrait humainement s'identifier, il reste bien trop caricatural et surtout dispose de bien trop peu de dialogues pour en faire un personnage réellement attachant.


FIN DU SPOIL


Du coup, on reste sur sa faim, en se disant qu'on aurait pu ici analyser de façon assez sympathique l'influence de la libéralisation des ventes d'armes à feu aux Etats-Unis, plutôt que de s'attarder sur un message type de "ségrégation positive" (les *noirs / *gays / *pauvres (dans ce cas présent) c'est les meilleurs). Le film esquisse à peine le sujet, de façon absolument balourde avec le petit ami de la fille de la famille.


Et c'est le dernier point sur lequel je m'attarderais, avant de conclure. De manière générale, les quelques rares exemples de "raisons" de purges (hormis celui du méchant principal, que je ne m'attarderais pas à analyser vu qu'il ne fait que servir le discours "ségrégationniste positif" du film) ne sont absolument pas crédibles pour un sou. Et pour reprendre l'exemple sus-cité comme illustration, quel petit ami peut croire que buter le père de sa copine va arranger les choses dans leur relation, sérieux ?!


J'irais même plus loin, la plupart des actes de la plupart des personnages (sauf peut-être le clodo) n'ont réellement de cohérence, que ce soit par rapport au perso lui-même ou même à la situation. On peut penser que c'est voulu, notamment avec le personnage principal et de manière générale sa famille, pour montrer que même les gens aux meilleurs fonds ont des repères moraux brouillés par cette société étrange dont ils font néanmoins partie. Mais dans l'ensemble, c'est soit trop sous-textualisé, soit trop mal amené pour réellement convaincre, surtout qu'encore une fois, le problème d'identification ou plutôt de non identification aux personnages n'aide ici pas non plus.


Bref, l'ensemble du film se perd dans son message et s'égare dans ses enjeux, et cela se ressent. On en sort comme si on avait rien appris, rien découvert, rien vu de nouveau... Ce film mérite 5, la note qui définit ce qu'il est, médiocre en tout point. A savoir ni bon, ni mauvais, juste inutile.


ADDENDUM : Une fois n'est pas coutume, je vous mets en lien une vidéo, cette fois du classique Nostalgia Critic, qui résume grosso merdo ce que j'expose ci-dessus :


Nostalgia Critic

Créée

le 8 juil. 2014

Critique lue 396 fois

3 j'aime

BlackLemmi

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3

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