Afin de terminer sa trilogie débutée en 2013, James DeMonaco, réalisateur mais également scénariste ayant travaillé avec Francis Ford Coppola ou encore sur l’immondice qu’est le remake d’Assault On Precinct 13 de John Carpenter, nous dessert sa conclusion à travers ce film bas de gamme qu’est American Nightmare 3 : élections.


Le premier problème de ce film vient de sa classification. En effet, même si sur ses « terres natales » le film est rated R (c’est-à-dire interdit au moins de 17 ans et non accompagné d’un adulte), car aux Etats-Unis les classifications sont sévères, à l’international le film se prend juste un avertissement moins de 12 ans, et on sent que tout a été fait pour qu’une telle classification soit choisie. Le moins de 16 ans était obligatoirement à éviter, car moins de public pardi. Vous me direz peut-être que cela était volontaire de la part du réalisateur, certes, mais comment avec un tel scénario offrant de telles possibilités satyriques pouvant être transmises à travers de la violence, de la torture, de la souffrance, de la puissance visuelle et auditive, se retrouve moins de 12 ans tout ça pour ramener un public jeune amateur de sensations fortes ? Ce problème devient majeur dans le sens où au final, le réalisateur nous dessert une œuvre complètement aseptisée, dénuée de sens car soft dans son visuel mais se voulant critique dans ses dialogues (paradoxe quand tu nous tiens !) et surtout très mal filmé.


Justement, enchaînant donc sur la forme en elle-même. Comme dit auparavant, la mission ici était de faire un film trash, mais pas trop. Ceci donne alors un des plus gros défauts du film : toutes les scènes d’actions ou un tant soit peu violentes sont filmées n’importe comment. Pardon laissez-moi me corriger, de 3 façons différentes : gros plans indescriptibles, plans d’ensemble tellement éloignés qu’on a l’impression d’observer la scène avec des jumelles, et enfin, le pire, élipsés. Ceci donne vraiment l’impression de voir des fragments de film rattachés ensemble après avoir été charcutés, violentés, au montage. A côté d’un Saw ou même d’un Vendredi 13, ce film passe à côté pour le monde des Bisounours, et cela crée très facilement une très forte frustration par rapport à ce que l’histoire du film pourrait promettre. Cependant, bon point à mettre sur la photographie qui sait être présente sans être trop tape-à-l’œil tout en éclairant parfaitement les différents environnements que traversent les personnages.


Pour rebondir sur l’histoire du film, celle-ci présente également son lot de problèmes. Premièrement, elle est bourrée de clichés à ras bord, des choses déjà vues des centaines de fois à l’écran sans pour autant être remises au goût du jour (exemple : [spoiler] des membres du groupe de protection de la candidate la trahissent au début de La Purge, twist scénaristique capté dès le début du film par le spectateur parce que sinon, le film serait déjà fini). Deuxièmement, dès que tous les différents personnages nous ont été introduits, on sait déjà qui va vivre, qui va mourir et qui va avoir quel rôle dans le film. On se croirait être revenu dans les années 80 en regardant un bon vieux slasher (sauf que les slashers ont beaucoup plus de classe que ce film-là). Enfin troisièmement, tous les personnages font des choix complètement irrationnels (vous vous verrez plusieurs fois vous frappez le front en vous demandant « Mais pourquoi tu fais ça abruti ? ») juste pour faire avancer l’intrigue du film. Niveau astuce scénaristique, on est quand même bien placé.
Le fin du film est également très tournée vers la blacksploitation et limite en devient ridicule car créant des morts complètement gratuites et dénuées de sens qui fera directement poser la question au spectateur « Mais pourquoi ? » (À moins que ce soit pour être rattaché aujourd’hui au mouvement social des Etats-Unis qu’est « Black lives matter », mais nous n’aurons sûrement jamais la réponse…).


Même si la musique se trouve être forte sympathique, que les quelques notes d’humour placées à gauche à droite fonctionnent bien avec la présence de quelques jumpscares bien placés, force est de constater que ce nouvel opus n’apporte rien de nouveau comparé à ses prédécesseurs. Même si l’histoire change, nous ne sommes pas loin du décalquage voire de la copie conforme. Un souci quelque peu embêtant pour ceux qui pensaient avoir quelque chose de nouveau après avoir vu les 2 premiers épisodes de cette « superbe » saga cinématographique.


Malgré tout, nous sommes loin de faire face au pire film de l’année (Beaucoup d’autres noms me viennent rapidement en tête…) comme au meilleur. A vous de décider si celui mérite réellement que vous dépensiez votre argent pour le visionner ainsi que votre temps.

The80sGuy
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le 27 juil. 2016

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The80sGuy

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