Il y a quelque chose de très politique et de très politisé dans les films d'horreur en ce moment. Probablement que tout cela découle du temps de guerre et de crise dans lequel nous baignons, et qui inspirera la franchise "The Purge", dont le troisième volet sera décortiqué ci-dessous.


Le cinéma d'horreur de ces cinq dernières années se veut mercantile et non-renouvelable. Les classiques y sont victimes de remakes la plupart du temps ratés, censurés et formatés et les séries B se voient filtrées à travers les cases "Indépendant" ou "Crowdfunding". Résultat, d'un côté du remake consensuel et conventionnel, de l'autre des séquelles bâclées, sans budget, sans grand intérêt et sans intelligence.


La franchise "The Purge", dotée d'un gros budget, avait toutes les armes en main pour se démarquer et, pourquoi pas, se faire un nom dans le paysage cinématographique. Le concept était génial. Le potentiel l'était tout autant. Mais dans ce cas, pourquoi alors le premier volet était complètement à côté de la plaque? Il y a tout une nuance entre une idée sur papier et son traitement à l'écran. "The Purge" avait beau bénéficier d'un potentiel énorme, placé entre de mauvaises mains, le résultat est sans appel: c'était médiocre. Là ou le premier film aurait pu concevoir une chasse à l'homme géante palpitante dans les bas-fonds d'une Amérique souffrante, l'angle choisi avait plutôt été paradoxalement de limiter son action dans une maison et d'y voir une famille lutter contre ses assaillants. Alors oui, le potentiel était gâché, et le long ne se résumait qu'à un banal Home Invasion sans panache.


Le second opus n'explorait pas seulement l'univers, il s'adaptait logiquement (et heureusement) à son concept de base. Nous voilà donc rendu à ce troisième (et dernier?) "American Nightmare", affublé du sous-titre "Elections" (A prononcer à la française, étant donné que le titre original est "Election Year")


Sur fond de campagne éléctorale pour coïncider avec les présidentielles Américaines de 2016, l'intrigue suit une candidate républicaine ayant assisté un an plus tôt à l'assassinat de sa famille par des purgeurs qui souhaite abolir cette loi, au grand dam du potentiel futur président, qui vente les bienfaits et mérites de cette "purge". Cette année, les règles ont changé, le gouvernement n'assurant dorénavant plus aucune protection pour ses personnalités politiques, elle se retrouvera à devoir assurer sa propre sécurité tout en poursuivant ses objectifs.


Un "American Nightmare" qui se veut être un thriller politique sur fond d’élections donc? Absolument pas. Le contexte de campagne présidentielle sert de dessin à une intrigue bien trop mince et qui se révèle plus commerciale qu'autre chose. Une campagne davantage marketing que politique. Au vu des noms derrière ce troisième volet, à savoir Jason Blum, Michaël Bay et James DeMonaco, Un yes-man, donc des tâcherons parmi tant d'autres, le film n'allait pas être plus brillant que ses deux prédécesseurs. Et il est même pire encore.


Tout d'abord, au niveau de la purge. Si vous vous attendiez à assister à des meurtres plus sauvages les uns que les autres, étant donné que l'intrigue repose sur un principe du "Ou tout est possible", vous serez déçus. Quelques filets de sang en CGI et c'est emballé-pesé. Les rues, censées être le théâtre de crimes sont effroyablement vides. La violence y est rare et le gore, absent. Nous sommes bien loin d'un "Battle Royale"...


Ensuite, le scénario. Il n'est jamais excitant, et malgré les nouveautés comme cette abolition de protections des personnes haut placées ou encore le tourisme du meurtre, fait énoncé dix secondes et abandonné pratiquement par la suite, ce dernier tourne sérieusement en rond. Du mauvais survival, un peu d'infiltration sans tension, des personnages-archétypes jamais introduits, sans réel psychologie ni personnalité, dont il n'est tout simplement pas possible de s'y attacher, un concurrent politique invisible, quelques idées farfelues (Comme ce gang de jeunes filles venues attaquer un gérant pour une histoire de....vol de bonbons). Le script est affligeant, stupide, et s'éloigne encore une fois de plus de son idée de base, à savoir celledu thriller sur fond de campagne éléctorale. Codifié, cliché, "American Nightmare 3" donne également dans l'happy-ending (ou presque) , contredisant la réalité politique actuelle . Cette sénatrice, que l'on peut associer aisément à Hillary Clinton arrive bien entendu à ses fins, marquant de ce fait un point final à la trilogie et revient au point de départ de l'intrigue initiale. Une bien trop facile conclusion qui n'en est même pas vraiment une d'ailleurs, tout comme l'ouverture et la fermeture de la purge ne sont pas assujettis par le déroulement de l'histoire mais par un texte annonçant sa venue.


Enfin, la réalisation. Le montage est trop "Cut", les transitions saccadées, la caméra filme toujours à côté de l'action, ou partiellement, ce qui donne l'impression d'assister à un found footage. Les décors sont sombres et ternes. La réalisation est donc tout aussi laide que celle des deux premiers films.


Voilà comment en seulement trois films, l'un des meilleurs concepts de long-métrage de ces dernières années se voit annihilé, réduit en néant par des exécutifs avides, pondant des redites, donnant constamment dans le hors-sujet et ne proposant jamais au téléspectateur du divertissement de qualité, divertissement d'ailleurs purement visuel qui n'a ni l'intelligence d'un métrage de Clint Eastwood, ni la violence graphique et explicite d'un "Battle Royale", ni l'humour d'un Adam McKay ni celle d'un Jay Roach. Une trilogie qui manque de piquant, et qui s'avère même étonnamment moins intéressante (et réussie) que "Rampage" traitant de la même thématique, celle d'une Amérique meurtrie, une autre trilogie signée par un certain....Uwe Boll!


Joyeux Noël à tous et à toutes, paix et prospérité.

QuentinDubois
3
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le 25 déc. 2016

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Quentin Dubois

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