Ce vieux Clint Eastwood est de ces images du cinéma d’autrefois, mais, alors que réellement bien lancé pour être de ceux qui sont au panthéon du cinéma moderne, notre papi s’essouffle. Et pour preuve, ce film. Pourtant, un pragmatisme et un talent de taille s’amoncelaient dans ses dernières œuvres: Mystic River, Million dollar baby et Gran Torino. Mais justement, depuis ce dernier quelque chose semble émoustiller le talent de notre Blondin préféré. Clint Eastwood bénéficie des meilleurs castings pour ses tournages : Angélina Jolie dans l’Echange, Morgan Freeman et Matt Damon dans Invictus, Léonardo Di Caprio et Naomi Watts dans J. Edgar etc… Rien que ce simple détail devrait amortir la complexité des taches de n’importe quel réalisateur. Et ce détail semble bien nous parvenir à l’écran ; ses longs-métrages sont bien tournés, le son, l’image, le jeu, le scénario tout y est… mais quelle est donc la petite chiure d’oiseau qui vient entacher ce joli parebrise cinématographique Eastwoodien ?


Eh bien tout d’abord, je précise qu’American Sniper est un bon film, une fois de plus, avec un Bradley Cooper bluffant dans son rôle de Chris Kyle dit « la légende » de l’armée américaine. Une belle surprise pour un film à la trame idéologique bien sombre. En effet, une fois de plus on distingue clairement l’attrait sentimental de Clint E. pour son pays, et pour l’armée en général. Ici il se concentre sur le personnage réel de Chris Kyle, ancien membre des SEALs parti combattre en Irak. Le personnage est pourtant truffé de complexités psychologiques mais le film n’en fait pas sa principale idée scénaristique. Non, l’anecdote meurtrière qui fera le film, c’est qu’au cours de cette guerre il aurait tué 255 personnes et surtout qu’il aurait abattu un homme à plus de 1900 mètres de distance. De quoi en faire frémir beaucoup mais à l’inverse de la guerre des étoiles, cette guerre existe depuis 2003 et existe encore. Ce sont des civils Irakiens et des soldats de tous les pays qui meurent tous les jours et pour cela ce film est hypocrite. Ce film est le reflet du nombrilisme américain, l’égocentrisme des occidentaux partis combattre en régions pétrolières soi-disant contre le « terrorisme ».


C’est pour cette raison que ce film ne vaut pas plus que la moyenne, car il n’apporte pas d’idées et d’informations supplémentaires à ce qui existait déjà dans certaines productions hollywoodiennes. Admettons qu’il est un peu tôt pour trop rentrer dans le sujet de la guerre en Irak mais il aurait pu davantage se concentrer sur les mouvances psychiques de son personnage, sur les méandres politiques crasseuses qui décident du sort de milliers de soldats de la Marine américaine ou alors apporter une petite substance antimilitariste simplette, qui est, soyons-francs, presque présente. Mais pour ma part j’ai plus souvent remarqué le soulèvement d’une nation pour idolâtrer la personne qui a tué 255 hommes, un tueur que l’on glorifie et qui finit le torse remplie de médailles. J’ai dit un « tueur » mais n’en déplaise à l’ONU, American sniper amène à faire croire à la populace mal informée que ce Chris Kyle est un héros, mais non, c’est un tueur. L’objectivité et la neutralité sont de rares talents que possèdent peu de réalisateurs, ces nuances semblent échapper à C. Eastwood a.k.a le Républicain. Sans doute la vieillesse.

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le 2 juin 2015

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The Passenger

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