Sweet Smoke - Just a poke


Melting-pot foutraque de références agglutinées, narration brouillonne sans but véritable et action décomplexée, voila comment se présente le dernier film de Nima Nourizadeh.


On pourrait lui reprocher sa vacuité scénaristique, son manque d'inventivité scénique voir son choix d'actrice principale, si on veut être tatillon. Car American Ultra fait figure de produit générique de consommation qui nous crache à la gueule une coolitude pré-fabriquée, une espèce d'attitude pseudo-rebelle, un peu comme cette petite cousine qui crache sur les grandes marques de fringues et porte des dock martins aux pieds.


Le genre émo (dés)abusée.


Nima Nourizadeh nous balance donc dans une intrigue qui reprend les cadres de la trilogie Bourne en y intégrant aux forceps les concepts du stooner movie et en s'amusant des codes des films d'actions. On retrouve Jesse Eisenberg dans la peau d'un type paumé - tout le monde ne peut pas être original, que veux-tu, n'est pas Choi Min Sik qui veux - qui plane gentiment dans une atmosphère ouatée, entre ses souvenirs brumeux, la fumée des joints, ses dessins erratiques sur les aventures d'un singe astronaute et son job sans intérêt au fin fond de l'Amérique profonde.
Pire, le lascar ne peux même pas quitter la ville, victime de phobies à faire passer Adrian Monk pour un type sain d'esprit. Heureusement dans tout ça, il y a Kristen Stewart.


[Je serais bien parti ici dans une violente diatribe pour critiquer son jeu d'actrice inexistant ou bien son visage mono-expression évoquant un Ryan Gosling au féminin mais ... non. Parce que à l'instar de l'ami Ryan dans un Drive ou un The Place Beyond The Pines, son jeu - absence de jeu diront les plus taquins - colle assez bien au personnage. Si, bon, allez, on peut quand même dire que quelques moments auraient été embelli si Kirsten au coeur de glace avait pu l'espace d'un instant tordre le masque lui servant de visage de façon à y mimer la douleur. M'enfin.]


Heureusement dans tout ça il y a Kristen Stewart, disais-je avant de digresser, qui est l'amour de la vie de Jesse, qui le comprend, qui le ♥ comme il est ... Mais la vie de ce couple un peu grunge, un peu à la masse, vole en éclat lorsque Jesse se voit agresser par deux assassins- patibulaires, mais quand même - qu'il explose mécaniquement. Parce qu'en fait, c'était un super-agent amnésique qui n'avait qu'a entendre une phrase codée pour réveiller ses réflexes de super-agent.


Commence alors un jeu du chat et de la souris entre Yates, un bureaucrate de la CIA avec un complexe mégalomaniaque incarné de manière un brin caricatural par Topher Grace, qui balance ses tough guys (comprendre des agents dans le style de Jesse, mais tous devenu timbrés à cause des expériences) dans la ville avec pour mission de dézinguer ce bon Jesse, attendu qu'il est lui-même le fruit d'une expérience de la CIA chapeautée par la rivale de Yates, Victoria Lasseter (Connie Britton).


Pastiche des films d'action à la Jason Bourne, American Ultra se joue des codes en plaçant son action dans une petite ville sans enjeux et en mettant au centre de son intrigue un agent peu conventionnel. L'idée, quoique peu original, fonctionne relativement bien d'autant que Nima Nourizadeh nous filme quelques belles scènes d'action - le final au supermarché, dans le sous-sol de John Leguizamo - mais l'ensemble manque parfois de recul. Aussi voit-on quelques scènes très premier degré qui dénotent, des moments brisant le rythme de ce qui aurait pu être un actionner comique bien plus décomplexé. On notera aussi quelques décalages entre des personnages quasi-burlesques et d'autres on ne peut plus sérieux. La romance entre Kristen et Jesse plaquée là dessus par Nima Nourizadeh n'est absolument pas déplaisante, par contre, quoique artificielle par moment.


La réalisation chiadée et les bandes-annonces nous laissaient espérer plus, on se retrouve devant un bon petit film sans ambitions, sans prétentions à révolutionner le monde mais sans défauts majeurs. Un "pulp" prêt-à-consommer, somme toute, ce genre de produit industriel pas déplaisant mais ne laissant pas de souvenirs impérissables.


Sinon, pendant que je regardais ce film j'ai pensé à un de mes éclaireurs qui se reconnaîtra s'il passe dans le coin. Résultante, je pense avoir un pitch de film qui lui plaira à coup sûr. C'est ici un délire personnel, aucun rapport avec American Ultra.


Musique



Quelque part dans le grand nord Canadien, où la blancheur de la neige ne cède qu'à la noirceur de la nuit, Kristen Stewart est une paumée en perdition.
Venue de Russie (pas sûr, mais je le sens bien quand même), son visage froid comme les neiges éternelles de Sibérie, elle exerce à plein temps le métier de go-go danseuse dans un rade paumé, arrondissant ses fins de mois en laissant quelques routiers craspec la besogner, suants et râlants. Finalement, tout ça, ça la dépasse, cette blonde peroxydée dont le visage froid et inexpressif fait écho au manteau neigeux qui recouvre le paysage.



Dans ce bled paumé arrive un étranger dont le visage froid et inexpressif montre qu'il en a vécu. Il est dans une bagnole sombre, racée. Mais on sent que c'est pas la sienne. Il a un pendentif en forme d'escargot, pour montrer que c'est lui l'élu du film. Ryan Gosling (car c'était lui) fini par rencontrer la belle blonde et se lier à elle, deux âmes perdues qui s'attirent presque par dépit et s'accrochent l'un à l'autre comme des noyés à une bouée.



C'était sans compter sur Keanu Reeves, petit potentat local et amateur de Kung-fu (important pour notre final) qui regarde Kristen comme sa chose, sa possession. Son visage inexpressif et froid montre à quel point il est méchant et sans sentiments.
On suit la fuite désespérée de ces pauvres hères poursuivis par Keanu. À la fin y a un combat Kung Fu style dans la neige, au coucher du soleil entre les deux antagonistes (on peut ajouter derrière une histoire de vengeance fratricide, on verra, parce que tout ça juste pour une fille ça me semble limite) tandis qu'a quelques pas agonise Kristen, adossée à un arbre, la ville de Montréal en arrière-plan. Ryan fini par triompher, rampe jusqu'à elle et le film termine avec un gros plan sur Ryan qui regarde le spectateur (on brise le quatrième mur et en route pour l'oscar).



Bien, non !?

Petitbarbu
6
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Créée

le 8 avr. 2016

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Petitbarbu

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