« Je ne veux plus vivre. Pour moi, pas pour toi. »

Humble néophyte du cinéma de Haneke, je n’avais vu que Funny Games avant de m’attaquer à ce Amour qui a tant fait parler de lui. J’avais jusqu’alors entendu beaucoup de louanges et j’ai surtout vu la louange de bonnes notes de la part de mes éclaireurs bien aimés. Donc j’étais curieux, surtout au vu de la bande annonce qui m’inspirait vraiment confiance.

Amour fait clairement parti de ces films qui vous mettent une bonne claque dans la gueule. Personnellement j’étais très pensif pendant le film et plutôt dévasté après. Bien que le sujet soit universel et parle à tous – bon les plus jeunes n’en ont surement rien à foutre pour le moment – c’est surtout le traitement et l’interprétation qui jouent en faveur de l'oeuvre.

Je connaissais Haneke pour sa froideur et son détachement que j’avais entrevu dans Funny Games. Ici on retrouve toujours ces deux éléments qui contribuent à installer un malaise indubitable auprès du spectateur. La caméra du réalisateur autrichien se fait discrète et se contente de retranscrire au plus près les évolutions d’Emmanuelle Riva et la perdition d’un Trintignant absolument merveilleux dans son rôle. Pas besoin d’artifices pour toucher son public, la sincérité des acteurs et leur souffrance apparente suffisent à émouvoir.

Parfois la caméra se permet quelques intrusions dans la vie de couple comme lorsqu’Emmanuelle Riva ordonne à son mari de sortir de la pièce : « Ne reste pas là pour voir comment je tiens le livre ». Trintignant part. La caméra de Haneke reste, accédant à une intimité auquel le mari désemparé n’a plus accès, offrant une vision presque dérangeante de cette relation amoureuse qui titube, dans un premier temps, sous le poids de la maladie naissante.

Tout le reste n’est qu’un long cheminement vers une mort annoncée, le fatalisme prend place instaurant une ambiance pesante tout en laissant place à la poésie, à quelques morceaux de piano, à des intentions transpirant l’amour, à un geste salvateur... Coincé dans cet appartement résolument sombre où les plaintes incessantes résonnent, le couple se détruit, avant de se reconstruire toujours plus fort. Le huis clos finit d'ailleurs par trouver toute sa symbolique lors du plan final, très convaincant

Troublant de sincérité et dépourvu d’artifices, Amour est un film touchant abordant tour à tour la vieillesse, l’amour, la souffrance et l’adieu. Une expérience marquante.

« Je ne veux plus vivre. Pour moi, pas pour toi. »
Dodeo
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le 25 févr. 2013

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Dodeo

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