amour (en toc) et turbulences (intellectuelles)
Qu'est-ce que je viens de regarder? Alors vraiment, je me qualifie de cinéphage, et je peux très bien me farcir une rom' com' bien que je sâche comment elle va finir. Je peux voir "Friends" et même "How I met your mother" sans en avoir honte. Mais là, c'est juste pitoyable, rarement un film m'a semblé aussi vaniteux, creux, fade et antipathique.
Je vais passer rapidement sur l'histoire et les acteurs car cette première est certe d'un convenu, mais après tout, dès les 5 premières minutes on sait qu'on est dans un format américain de comédie romantique (médiocrité ambiante quand tu nous tiens et puis n'est pas "Quand Harry rencontre Sally" qui veut, tant il est clair que le film revendique cette filiation avec le début à New-York) et j'épargnerai les seconds, bien qu'ils soient justes dans leurs personnages assignés, on est dans de la caricature indigne, de bas étage.
J'aurais pu souligner que la réalisation à quelques bonnes idées, sauf si ce n'était qu'aujourd'hui n'importe quelle production est de bonne facture. J'aurais pu taper sur Nicolas Bedos, dire comme les Inrocks que "c'est un acteur charmant mais moyen et que malgrè tout ses dialogues sont bien troussés"... Cela en dit long sur la qualité journalistique du service ciné des Inrocks...
Le fait est que le tout est indigent (les personnages sont insupportables et caricaturaux), d'une pauvreté intellectuelle rare (je sais bien que ce n'est pas une analyse sociale, mais là c'est abject), scandaleusement bourgeois bohème (C'était nécéssaire New-York, la première classe, les expos d'art, le Paris carte postale, la tour Eiffel la nuit?). Ce dernier point est de loin celui qui me rappelle pourquoi le cinéma français est sclérosé depuis tant d'années, C'est si difficile de faire un film qui ne soit pas une pub Ultrabright dans un Paris pour touristes?
Car le plus problématique, c'est que la facture du film est si bonne que le film passe comme une lettre à la Poste (Il suffit de regarder les critiques pour s'en rendre compte), un bon produit standardisé pour le peuple, pour qu'ils révent... Un rêve bien lyophilisé, sans heurts, bien WASP, bien correct avec ses blagues gentillement borderlines pour faire jeune (ah ce "sur la vie de ma mère" de Ludivine Sagnier). Le degré zéro de la création, un film en toc, dans une ville en toc, avec des sentiments en toc, une réalité en toc, bien en accord avec notre époque en toc.