Amy par _Rosebud_

La formidable Amy Winehouse appartient depuis ce jour de juillet 2011 au panthéon des rock stars mortes à 27 ans, ce club très fermé qui suscite la légende et le mystère.

L’égale contemporaine d’Ella, de Billie, ou de Dinah. Une voix old school unique, un trait d’eye-liner, un chignon choucroute, des tatouages plein les bras. Une grande gueule impertinente, un génie qui s’ignore et qui s’en fout un peu.

Amy, c’est un météore musical, un truc fugace et fulgurant qui ne s’explique pas vraiment. Quand on la voit chanter pour l’une de ses premières auditions, on se dit que cette fille aussi jeune, à la voix chargée de douleur et d’autrefois, doit forcément être possédée par une âme ancestrale.

Amy, c’est une walking dead qui s’ennuie, un zombie au regard triste et lointain. Les dés sont pipés: en observant attentivement les vidéos et photos la montrant adolescente, on sait que c’est foutu. Elle est brisée. Son passé traumatique ne la lâchera jamais, elle consacrera donc toute sa vie à s’autodétruire. Alcool, drogues douces, drogues dures, amours maudites. La réussite et la reconnaissance du milieu n’y changeront rien. Sa réaction après sa victoire écrasante aux Grammy en 2008 est probante: « tout ça est vachement moins drôle sans la défonce » confie-t-elle en backstage à son amie de toujours. C’est foutu, disais-je.

On voit Amy maigrir, se décharner et disparaître au fur et à mesure que les vidéos défilent et que le temps passe. Elle fait la une des tabloïds, devient la risée du pays, se ridiculise sur scène. Les paparazzis sont partout, la presse se délecte et ça donne le haut-de-cœur.

Si l’on omet la dernière partie du documentaire, qui concentre sa narration sur la descente aux enfers (voyeur, nauséeux, inutile, le naufrage était programmé), le documentaire réalisé par Asif Kapadia donne tout simplement envie de réécouter ou de découvrir avidement la musique d’Amy Winehouse, chanteuse-auteur-compositrice-interprète. Il éveille la curiosité des textes, aussi. Une bonne idée que d’avoir retranscrit la plupart des paroles à l’écran. Amy écrit ses chagrins, ses meurtrissures. C’est poignant.