"Je n'écrirai rien sur ce film, c'est une merde !"

Gros doigt d'honneur à l'industrie du cinéma, aussi irrévérencieux que mal fichu, bordélique et ennuyeux, détenteur de six Razzie Awards, four immense au box-office sorti on ne sait comment en salles françaises et qui a définitivement signé la fin de carrière de son illustre scénariste-producteur, An Alan Smithee Film est une œuvre bizarre, volontairement détestable, au parcours aussi dingue que son statut. Traumatisé par son Razzie Award du pire scénario pour Showgirls en 1995, Joe Eszterhas décide de s'insurger en concoctant un pamphlet visant le tout Hollywood avec à son bord quelques guest stars comprenant acteurs, producteurs et journalistes ainsi que le réalisateur Arthur Miller pour mettre en scène tout ça à travers un mockumentary décadent.


Sauf qu'ironiquement, les deux hommes vont se brouiller et Miller va justement s'écarter du projet en se nommant lui-même Alan Smithee (pour rappel, le pseudonyme légal utilisé par les réalisateurs qui ne veulent pas que leur nom soit crédité). Toute une histoire. Celle du long-métrage est moins compréhensible : un réalisateur nommé Alan Smithee a désavoué son film et, vu qu'il ne peut légalement pas changer son nom en celui du fameux pseudonyme, a décidé de voler les bobines pour les brûler. Tout le film réside donc sur les témoignages des gens concernés de près ou de loin au projet, le tout centré sur les deux producteurs du faux-blockbuster (campés par deux acteurs, Ryan O'Neal et Richard Jeni). Et si l'idée est folle et la volonté de défoncer tout le monde intéressante, le résultat est fastidieux, fatigant, impénétrable.


Alors oui c'est amusant de voir le producteur Robert Evans jouer de sa personne, de découvrir les talents (cachés ?) de Harvey Weinstein en acteur de pacotille, de sourire légèrement à l'autodérision à peine maquillée de Jackie Chan, Stallone, Larry King ou Shane Black, à apercevoir de très loin les méthodes désuètes et hypocrites des studios américains qui confondent n'importe quel black avec Spike Lee et qui pètent les plombs quand on prononce le terme 'final cut'. Mais bon dieu que c'est mal interprété, mal dirigé, mal monté, décousu, ennuyeux et finalement inintéressant. Ça ne va nulle part et voir le film d'une traite devient un véritable labeur, justifiant son échec et sa réputation.


Audacieux dans son idée mais terriblement inconsistant dans sa forme, jamais drôle en dépit de ses innombrables piques et constamment à la ramasse cinématographiquement parlant, An Alan Smithee Film ne vaut rien et reste un caprice onéreux de scénariste déchu et blacklisté qui a depuis refait sa vie en tant qu'écrivain, son dernier script adapté au ciné demeurant un drame tourné dans son Hongrie natale et passé inaperçu. Le retour de bâton.

MalevolentReviews
1

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les Inédits DVD et C'est vraiment sorti en salles ça ?

Créée

le 25 janv. 2021

Critique lue 169 fois

3 j'aime

Critique lue 169 fois

3

D'autres avis sur An Alan Smithee Film

An Alan Smithee Film
Redzing
1

Quand la fiction rattrape la réalité... ou l'inverse ?

Le pseudonyme Alan Smithee (anagramme de the Alias Men) fut utilisé pendant des décennies et sur des dizaines de films à Hollywood. Il était employé lorsqu’un réalisateur n’était pas satisfait de la...

le 9 oct. 2023

1 j'aime

An Alan Smithee Film
Fry3000
2

Critique de An Alan Smithee Film par Wykydtron IV

Arthur Hiller est surtout connu pour son film Love story, sorti en 1970, grand succès à l’époque, mais n’ai rien fait d’autre qui soit vraiment resté dans les mémoires. Sa filmographie est assez...

le 19 juin 2016

1 j'aime

Du même critique

Wonder Woman 1984
MalevolentReviews
3

Tant qu'il y aura des hommes

Toujours perdu dans une tourmente de décisions visuelles et scénaristiques, de décalages et de tonalités adéquates, DC Comics se fourvoie une nouvelle fois dans un total manque de cohésion et par...

le 26 déc. 2020

67 j'aime

6

Dune
MalevolentReviews
5

L'Épice aux étoiles

Attendu comme le Messie, le Dune nouveau aura été languissant avec son public. Les détracteurs de Denis Villeneuve s'en donne à cœur joie pour défoncer le produit à la seule vue de sa bande-annonce,...

le 18 sept. 2021

43 j'aime

5

Kaamelott - Premier Volet
MalevolentReviews
5

Les prolongations

Il l'a dit, il l'a fait. Plus de dix ans d'absence, dix ans d'attente, dix ans de doute, une année de retard à cause de la pandémie. Kaamelott a marqué la télévision, de par son ampleur, son aura...

le 20 juil. 2021

39 j'aime

10