A la fin des années 1990, sans doute jaloux du succès cosmique de Disney avec Le roi lion, plusieurs studios ont décidé de créer leur propre branche d'animation. On se rappelle de Warner, avec Excalibur, Dreamworks bien entendu, et Fox, avec la sortie en fanfare d'Anastasia fin 1997, qui relate l'évasion de la jeune fille issue de la famille de Nicolas II, massacrée en 1917, et qui veut retrouver ses origines, avec un certain Raspoutine à ses trousses.
Pour l'exactitude historique, ce n'est pas ce qu'on recherche dans un dessin animé dit familial, mais la beauté du dessin, et que ça soit bien animé. Mission accomplie dans les deux cas, avec une technique irréprochable ; quand on sait que c'est réalisé par Don Bluth et Gary Goldman, deux anciens de Disney, et qui se sont illustrés avec des films comme Fievel, Brisby ou Le petit dinosaure, rien d'étonnant. On sent qu'ils ont eu les moyens de leurs ambitions, bien que la formule soit au fond reprise de la firme aux grandes oreilles, comme la présence de chansons, ou les petites bestioles trop marrantes, en particulier Bartok, l'assistant de Raspoutine, qui aura droit à son spin-off l'année suivante.
Le ton est en général un peu plus adulte, et les proportions plus réalistes, et Anastasia n'est pas une princesse à la Disney ancienne manière où elle subit son destin ; non, là, elle le provoque, rudoie les hommes, quitte à flanquer une beigne mémorable à Dimitri, son ami, elle a un caractère de chien comme on dit. Quant à Raspoutine, considéré comme le méchant, il est très réussi, Christopher Lloyd lui donnant une voix d'outre-tombe. D'ailleurs, les passages chantés sont à chaque fois avec des voix différentes ; donc, pas de Meg Ryan qui pousse la chansonnette.
Le film a été un bon succès à l'international, et cela donnera naissance trois ans plus tard à un autre dessin animé qui lui, signera la fin de la branche animation de la Fox : Titan A.E.