C'est dans l'horreur qu'on écrit les plus belles pages sur la campagne française



  • Juste un intérêt morbide ?

  • Oui. Je suppose.

  • Une affaire répugnante. Elle était jeune et belle. Elles le sont toujours, je crois. Quelle affaire répugnante... C'était plus qu'un meurtre, si vous me comprenez... Pourtant, elle l'avait bien cherché. Seule sur la route.

  • Ce n'était pas une fille du coin ?

  • Une touriste qui faisait du stop. Quelle affaire répugnante... Une affaire de sexe. Répugnante...



And soon the darkness n'est pas un film d'horreur classique, réalisé par Robert Fuest à qui l'on doit le fameux dr. Phibes, celui-ci présente un petit joyau du cinéma britannique s'inscrivant dans une conduite horrifique étonnant entre Psychose et Massacre à la tronçonneuse. Un road movie à vélo dans les campagnes françaises, présentant deux anglaises Cathy et Jane passant des vacances à arpenter le nord de la France, traversant une route sans fin, les plongeant vers un horizon sans limite, où des disparitions mystérieuses et des meurtres sauvages ont étaient commis. Lors d'une halte pour se reposer, Cathy disparaît. Qu'est-il arrivé à la jeune femme ? Est-elle morte ? Qui aurait pu l'assassiner ? Qui est l'homme aux lunettes noires qui poursuit Cathy et Jane sur un scooter ? Tout un engrenage d'interrogation que l'on se pose tout du long, et qui offrira son lot de réponses.


Avec son récit habile présentant tout un éventail de suspects, Jane l'héroïne de cette intrigue incarnée par Paméla Franklin (la version anglaise de Jamie Lee Curtis), fait face une menace invisible constamment présente, que l'on sait inéluctablement. N'ayant que son vélo pour se mouvoir, ne parlant pas la langue française, ne connaissant personne, tout est favorisé pour rendre le danger autour de Jane perceptible. Un suspense efficace prenant des proportions proches de la paranoïa. Tout du long on ne cesse de se demander qui est le ou la psychopathe, et je trouve jusqu'au bout le mystère plutôt bien entretenu. L'originalité vient bien entendu de son cadre, d'ailleurs contrairement à ce que l'on pense, dans les années 60/70 un tas de films d'horreur britanniques furent tournés en France comme Maniac, Crescendo, Hurleur de peur...


L'intérêt de ce film vient du lieu où se déroule le périple. Une route s'étendant à l'infini avec des décors sinistres et inquiétants avec ses grands espaces, sa longue route plate, ainsi que ce ciel bleu sans le moindre nuage créant un horizon lointain. Un paysage profond perdu dans la pampa, avec ces villages dépeuplés magnifié par l'intelligente mise en scène du cinéaste avec des plans de caméra ingénieux, favorisant un huis clot extérieur. L'intérêt du film réside dans son ambiance lourde, pesante et claustrophobique, peuplée de gens inquiétants et étranges, où tout le monde semble coupable. Le récit prend tout son temps, maintenant tout du long une certaine tension dont on se sent prisonnier. Une emprise atmosphérique réussit qui nous submerge dans la durée, jusqu'au moment fatidique. La confrontation finale est réussie, avec une longue poursuite dans un cimetière de caravane.


Tout du long Paméla Franklin croise des gens bizarres, glaçants et atypiques, entre le barman joué par Jean Carmet, l'étranger à lunettes noires incarné par Sandor Eles, le gendarme par John Nettelton, l'Anglaise Clare Kelly domiciliée en France (faisant clairement pensé à Mme Voorhees interprétée par Betsy Palmer), Madame et Monsieur Lassal... Une belle brochette de personnages intimidant et préoccupant. Michele Dotrice dans le rôle de Cathy la disparue est convaincante avec son petit air provocateur et sa tenue seventies. Paméla Franklin en Jane est surprenante. Surprenante car telle Neve Campbell dans la saga Scream elle ne hurle pas une seule fois, à plein poumons. Elle incarne parfaitement le symbole d'une femme forte confronté à une bourgade de bouseux arriéré flippant. Petit regret du côté de la bande-son bien trop discrète de Laurie Johnson, des mises à mort hors champ, ainsi que d'une image qui clairement se dégrade avec le temps.


CONCLUSION :


And soon the darkness, est un petit film d'horreur Britannique à ne pas sous-estimer, trouvant sa force dans son atmosphère inquiétante ainsi que son cadre étrange mettant en avant une multitude de personnages bizarres, sur une route infinie où le temps semble coupé de tout. Une facette inquiétante du Nord de la France, pour une tension superbement réalisée qui mérite clairement qu'on lui laisse sa chance.


Un bon petit film d'horreur au suspens halletant !

Créée

le 16 juin 2020

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