Andreï Tarkovski est un grand cinéaste et son Andrei Roublev est un grand film.

Le film suit le parcours du peintre religieux Andrei Roublev dans la première moitié du XIVème siècle en Russie. Roublev essaye de trouver son chemin intérieur. Peintre d'icônes célèbre dans l'empire, il cherche sa voix auprès du Seigneur. Cependant, son chemin est semé d’embûches et il est régulièrement en proie au doute. Il rencontre des païens, des tatares. Il fait face à des massacres, des invasions et autre. Il abandonne sa profession puis se reprend.

A travers ce personnage célèbre de l'Histoire de la Russie, Tarkovski nous dresse un portrait de ce pays complexe. Un pays si vaste qu'on en finit pas d'en parcourir l'étendue, d'en admirer la variété des paysages et de s'y perdre dans la variété des peuples et des menaces. La Russie est vaste, très vaste, trop vaste peut-être. C'est sa grandeur qui la fragilise. Il est difficile pour le Grand Prince de maintenir uni son royaume. Les païens sèment le doute dans l'esprit des religieux. Les tatares envahissent l'espace russe et fragilisent l'équilibre politique. Il est difficile donc d'établir une identité russe.

Il est donc difficile pour le peintre de trouver son chemin. Son parcours est autant intérieur que physique. Et Tarkovski sait parfaitement filmer ce parcours, ce voyage initiatique et laborieux. L'eau est notamment l'un des éléments primordiaux du film. De l'eau sous tous ses états. Il y a cette pluie battante qui s'abat si souvent sur le peintre. Il y a cette neige (eau cristallisée) qui recouvre une si grande partie du pays. Il y a encore cette eau qui coule, ces rivières et dans lesquelles sa peinture se dilue si souvent. Tarkovski est un magicien avec sa caméra. Il capte les textures, la beauté de la nature, le craquèlement du bois, l'éclaboussure de l'eau, la pureté de la neige, les rides des visages, etc. Rarement un film en noir et blanc n'a été aussi beau. Chaque plan est un tableau.
busterlewis
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le 2 oct. 2012

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