"Angel Heart" est un néo-noir sur fond de forces occultes, qui se passe à moitié à New York, à moitié en Louisiane, dans les années 1950.


Angel Heart (Mickey Rourke) est un privé que vient engager Mr. Cyphre (De Niro), pour retrouver un homme qui a une dette envers lui, un certain Johnny Favorite / Johnathan Liebling, musicien retrouvé à moitié mort à la guerre, puis amnésique. Notre privé enquête chez le médecin, qui révèle que Favorite, ayant subi une opération de chirurgie esthétique, est parti 12 ans plus tôt pour la Louisiane. Mais Heart ne retrouve peu après que son cadavre. Et l'enquête va semer les cadavres de témoin derrière elle, le rythme s'accélérant en Louisiane à mesure que les pattes de poulet et le vaudou resserrent leur étreinte. Heart croise ainsi une devineresse que fréquentait Favorite, son ancien guitariste, sa fille, puis le père de la devineresse, qui lui révèle que Favorite a fait un pacte avec le diable : son âme contre le succès. Mais il a essayé de duper le diable en prenant l'âme d'un jeune soldat, via un rituel nécessitant de manger son coeur encore palpitant... A la fin du film, Heart découvre via une plaque de soldat qu'il est en fait Favorite, devenu amnésique, et qu'il a tué de lui-même tous les cadavres qu'il a rencontré sur son chemin (en mode Tyler Durden). Il se livre et va en enfer.


Un film très beau esthétiquement, qui évoque la maestria visuelle d'un Coppolla, dans la maîtrise des plans, dans le goût des perspectives baroques (ces cages d'escalier, cet ascenseur que les éclairages dotent d'une aura onirique, les belles images de la Louisiane). Dans le soin du montage aussi : je pense notamment à la scène de lit avec Epiphanie, où l'on voit le couple faire l'amour tandis que du sang tombe du plafond et recouvre tout, avec un montage de plus en plus saccadé et inquiétant, et des cuts vers des images étranges, dérangeantes.


L'atmosphère est lourde et poisseuse : les visages des blancs sont blêmes, mais se couvrent vite de sueur. Les contrastes sont très poussés, avec ces images récurrentes de ventilateur, qui permettent d'ailleurs de belles transitions. J'aime bien les scènes de cauchemar, avec leurs perspectives outrées. Et comme le sujet du film est la quête d'identité, on se prend à penser, de temps en temps, à l'"Echelle de Jacob".


La reconstitution historique est soignée, avec les automobiles/veaux des années 1950, le train, le décor des rues de la New Orleans.


Le personnage d'Angel Heart est touchant, avec son attitude défraichie, ses tentatives malheureuses auprès des femmes, ses cauchemars récurrents, son imper mou, son refus de la violence autant que possible, son attitude de connard. Un personnage assez proche de celui de "L'année du dragon", de peu antérieur.


Pour ce qui est de la performance de De Niro, je me contenterai d'une équation. De Niro + ongles longs + oeuf dur = scène jouissive. ^^


"Angel Heart" est un fort bon film, un polar à l'ambiance glauque que je mets sur le même plan qu'un bon Coppolla.


Merci à Greenwich de m'avoir aiguillé vers ce film.

zardoz6704
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste New York, la ville où tout est possible

Créée

le 18 mai 2015

Critique lue 422 fois

2 j'aime

1 commentaire

zardoz6704

Écrit par

Critique lue 422 fois

2
1

D'autres avis sur Angel Heart - Aux portes de l'enfer

Angel Heart - Aux portes de l'enfer
real_folk_blues
7

Parker, Louis ne perd jamais.

Assez étrangement, je ne peux m’empêcher de rapprocher Angel Heart de Jacob’s Ladder, bien que ce dernier soit postérieur. Il y a ce quelque chose dans la forme ; bleutée, moite, organique, même si...

le 29 mars 2013

62 j'aime

18

Angel Heart - Aux portes de l'enfer
Buddy_Noone
9

Quand descend l'ascenseur...

Si vous essayez de mesurer la popularité d'Angel Heart en farfouillant sur la toile, vous remarquerez à quel point le film d'Alan Parker n'est finalement pas toujours très apprécié. Certains pointent...

le 18 nov. 2020

34 j'aime

15

Angel Heart - Aux portes de l'enfer
Ugly
9

Le mythe Faustien revisité

La première vision de ce film en VHS en 1987 m'avait déjà bien secoué les tripes, je l'ai revu plus tard, puis plus récemment sur le câble, et c'est toujours aussi vertigineux. Alan Parker utilise le...

Par

le 9 sept. 2016

29 j'aime

12

Du même critique

Orange mécanique
zardoz6704
5

Tout ou rien...

C'est ce genre de film, comme "La dernière tentation du Christ" de Scorsese", qui vous fait sentir comme un rat de laboratoire. C'est fait pour vous faire réagir, et oui, vous réagissez au quart de...

le 6 sept. 2013

56 j'aime

10

Crossed
zardoz6704
5

Fatigant...

"Crossed" est une chronique péchue, au montage saccadé, dans laquelle Karim Debbache, un vidéaste professionnel et sympa, parle à toute vitesse de films qui ont trait au jeu vidéo. Cette chronique a...

le 4 mai 2014

42 j'aime

60

Black Hole : Intégrale
zardoz6704
5

C'est beau, c'est très pensé, mais...

Milieu des années 1970 dans la banlieue de Seattle. Un mal qui se transmet par les relations sexuelles gagne les jeunes, mais c'est un sujet tabou. Il fait naître des difformités diverses et...

le 24 nov. 2013

40 j'aime

6