Le petit oiseau va vite sortir... et j'ai envie de le faire rôtir.

Dans la lignée des adaptations de jeu vidéo complètement inutile et carrément débile, il y en a bien un pour lequel je ne comprends jamais l’intérêt d’en faire des long-métrages : ce sont les jeux d’Iphone et les rail shooter. Là il est question de la première catégorie et si j’ai décidé de parler de Angry Birds le film, c’est parce qu’après le visionnage je n’en reviens toujours pas de voir que les studios SONY, un studio qui livre des long-métrages surtout pour l’appât du gain et non pour des fins artistiques ou créatives, a réussir à nous pondre un film qui réussit à être encore plus insultant pour les gamers que Ratchet et Clank, mais aussi le public en majorité, en particulier les plus jeunes.


Autant poser la vraie question qui trotte dans la tête de beaucoup : pourquoi ? Simplement, pourquoi ? Pourquoi faire une adaptation d’un jeu vidéo complètement dénué de personnage, y’a pas de réel univers et aucune substance suffisamment consistante pour en faire un bon long-métrage. Angry Birds a de la popularité certes, j’ai eu l’occasion d’y jouer un peu en tant qu’ancien gamer, c’est bien sympa mais ça n’a rien d’un univers élargi à transposer au cinéma, ça n’a aucun personnage.


Et confier le projet à un studio comme SONY était une très mauvaise idée. Depuis un long moment maintenant, en plus des placements de produit placé avec beaucoup de grossièreté dans leur film (comme Equalizer d’Antoine Fuqua, Les Schtroumpfs 1 et 2 de Gosnell ou Chappie de Neil Blomkamp), SONY ne livre que des films destinés à marcher sur le court terme et qui n’ont pas d’emprunte artistique derrière, que ça soit en animation ou en film Live quitte à prendre les gens pour des crétins fini.


Il ne faut pas attendre 3 minutes pour comprendre quel sera le premier problème du film, sa gestion du rythme quasiment inexistante pendant ces 97 minutes. Clay Kettis et Fergal Reilly ne prenne jamais le temps d’installer le personnage de Red un seul instant, en se contentant d’un des pitch les plus surexploité possible : celui du bonhomme (ici un oiseau) obligatoirement différent des autres d’une manière ou d’une autre qui sera mis à l’écart à cause de sa différence. Pas de background, pas de famille, pas de passé, juste un cliché sur patte et à bec qui n’est sauvé de justesse que grâce au doublage d’Omar Sy dans la version française et au capital sympathie de l’humoriste et acteur français. Sans ça, je ne mettrais même pas 2 étoiles sur 10 à cette horreur.


Et qui dit rythme speed dit bien sur comic-relief sans dimension et réduit au simple rôle de faire-valoir et cliché : pour ça, on a deux autres rejeté de service. D’un côté Chuck (pas Norris, faut pas rêver non plus), l’oiseau banane courant à la vitesse de l’éclair incapable de placer une phrase sans être ultra speed, Bomb l’oiseau capable d’exploser n’importe quand lorsqu’il est surpris ou lorsqu’il pète un câble… et c’est à peu près tout, ne compter pas sur SONY pour leur donner un background, le film n’est pas là et croit surement que les gosses ne comprendraient pas ces personnages si ils n’étaient pas simple.
Sauf qu’entre simple et vide, il y a un écart et cet écart est très large. Un personnage peut être simple sans être profond ou ultra développé mais avoir un caractère qui le rend au moins sympathique et agréable à suivre, comme dans Seul sur Mars avec l'équipage du vaisseau HERMES ou dans Les Aristochats avec le trio de chaton qui nous servent de héros. Un personnage vide c’est un cliché ou un stéréotype à caractère unidimensionnel et symbole de fainéantise d’écriture qui n’aura qu’un rôle unique pendant tout le récit et c’est pratiquement le cas de ces 3 têtes à claques.


Du coup, comment rendre leur voyage intéressant si ce sont des clichés à qui on ne s’attache jamais ? C’est mission perdue d’avance. Le reste de la galerie étant tout aussi inintéressant et pauvre que notre trio de bouffon, que ça soit Matilda doublé par Audrey Lamy, le juge qui me fait plus penser à une repompe du roi dans Arthur et les Minimoys pour sa manière de grimper sur quelqu’un pour paraître plus grand, ou les cochons vert venus envahir l’île des oiseaux et qui apportent l’un des seuls bons jeu de mot du film :



Nous sommes des gens bons.



Et vous aurez besoin de vous en contenter, parce qu’à côté de ça entre les jeux de mots déplacé dans un film pour enfant du style :



Oh Poussin !



(je dis ce que ça signifie en langage oiseau ou bien ?) ou encore le lac Pipicaca et l’humour raté du film, on n’est pas aidé. Tout le film tourne constamment à l’humour chaque scène ce qui ne donne aucun enjeu possible même lorsqu’on est face à une situation dramatique comme le vol des œufs des oiseaux de toute l’île (n’importe qui l’a vu venir à mon avis) qui se transforme en : mettez vous en colère et on leur explosera la gueule à ces cochons. En quoi devrait-on se sentir impliqué face à une telle paresse et un foutage de gueule ?


Sans compter que quand ça n’est pas une scène tourné à l’humour, c’est l’humour en lui-même qui devient plus perturbant et honteux qu’autre chose. Vous vous souvenez du gag de l’aigle qui fait sa toilette du matin dans le lac de la sagesse dans bande-annonce et qui durait 30 secondes ?

Ils ont réussis à la faire durer plus d’une minute dans le film ! Une putain de minute ou on n’assiste à rien d’autre qu’à un aigle urinant dans le lac de la sagesse ou ont fait trempette Bomb et Chuck qui sont en train de se rendre compte qu’ils ont bu des déchets organiques du soi-disant aigle vaillant à qui les américains ont osé mettre Peter Tyrion Lannister Dinklage au doublage, comme si prendre Sean Penn pour faire des grognements t avec une ligne de texte en une heure trente sept n’étaient pas assez insultant pour des acteurs comme eux.
Mais bon dieu les gars, c’est un film pour enfants et familial, à part si les gosses sont fan de Deadpool ou que ces familles soient des malades mentaux, personnes ne va accepter un gag scatophile dans un film tout public, et si c’est le cas, on est vraiment mal barré.


Y’a même pas la créativité des designs pour des décors pour sauver le film, les personnages sont tous repris du jeu vidéo en question. Comme les personnages de My Little Pony : les amis c’est magique qui sont repris des figurines pour petites filles et pourtant My Little Pony a plus de dignité que ça, il a au moins l’excuse d’être un dessin animé pour petite fille et le mérite de ne pas avoir un gag scato à vendre aux gosses. De plus là, à force d’accumuler les designs cartoonesque, le film devient encore plus un produit sans personnalité qu’il ne l’est déjà.


Angry Birds accumule donc des scènes complètement idiote et infantile (comment les oiseaux de l’île ne remarquent pas que les cochons veulent voler leurs œufs ???), des scènes gênantes et trop longue à base de personnages sans personnalité (la chanson de l’aigle vaillant, pas pire moyen de rallonger le film sans raison), des jurons qui n’ont rien à faire dans le film (on se passerait bien du "Oh Poussin" mais aussi du "tout un tas de bordel" dans l’improvisation de Red sur la chanson de Aigle vaillant), et la cerise sur le gâteau, des références pop culture placé n’importe comment et pour n’importe quoi.


Shining y passe, X-Men Days of Future Past y passe, la prélogie Star Wars aussi (j’ai mal pour George Lucas) et même ce gros bousin qu’est 50 nuances de Grey avec 50 Nuances de vert (non mais sérieux c’est même pas un film culte ou apprécié par la majorité du public moyen, tout le monde lui a vomit à la figure à part les fans de Twilight, et Dreamworks qui nous refait le même coup avec Les Trolls pour la promo, c’est un complot ou quoi ?).


Quand à la musique, y’a absolument rien à en dire, Heitor Pereira n’a jamais rien fait de fameux en dehors des musiques additionnelles aux côtés de Hans Zimmer, Harry-Gregson Williams ou d’autres. Et on n’échappe pas à la manie des films d’animation moderne de placer des chansons pop pour faire branché.


Sauf que, comme pour Ratchet et Clank, ça n’a pas marché et le film a fait un beau flop largement mérité, et il ne faudra pas compter sur moi pour voir leur adaptation en film d’animation des Schtroumpfs, aucune confiance en ce projet quand on voit qu’ils ont repris un jeu vidéo sur Iphone populaire pour se faire de l’argent facile. L’année aura encore été pauvre pour les adaptations de jeu vidéo au cinéma, il ne reste plus qu’à espérer au moins un divertissement sympa pour Assassin’s Creed ou au mieux un film d’action fun et à spectacle honnête de la part de Justin Kurzel et Ubisoft. Quand à Angry Birds, fuyez le comme le choléra et ne le faites voir à personne, les enfants comme le public des gamers et des cinéphiles ont droit à bien mieux que ça.

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le 25 oct. 2016

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