Animal Kingdom porte son titre comme une explication un peu trop évidente, mais c'est souhaitable. Dés le générique, David Michôd nous présente le regard qu'il souhaite porter sur ses personnages, à travers l'image des lions.
Beaucoup d'éléments rappellent le documentaire animalier. Le réalisateur-scénariste a choisi de présenter cette famille de criminels comme une meute. Il en ressort quelques trouvailles excellentes et des plans ralentis où le temps s'étire. Que ce soient les scènes de jeux entre frères, les rapports ambigus avec la matriarche ou les regards de prédateurs de certains personnages, toutes ces séquences insistent sur ce parti pris intéressant.
Le film est moins l'histoire d'une chute que la recherche d'un équilibre nouveau. Je m'explique. La chute se produit dans les premières minutes du film, par le drame qui touche le clan. Tout le travail de chacun des membres de la famille (et surtout de la grand mère) sera de retrouver un autre équilibre et de composer avec un leader négatif (Pope). Parce qu'au fond, ils ne chutent jamais, même si les choses empirent. C'est une étude d'un groupe restreint d'individus, de l'éthologie.
Les plans qui s'étirent sur les personnages (souvent immobiles), étaient parfois judicieux. Les protagonistes sont ainsi installés dans les lieux, qu'ils y soient à leurs aises ou non. Là est une partie du savoir faire de Michôd : intaller les lieux d'une façon certaine.
Il y aurait beaucoup à dire autrement : la musique qui rappelle celle de Glass pour la trilogie de Reggio, le casting impeccable en ce qui concerne les membres de la famille (moins pour la police) ou les scènes de violence aussi soudaines et brutales que celles des frères Cohen.
Une réussite donc. altérée par quelques longueurs finales.