Une performance d'actrice indéniable : Isabelle Carré à la fois touchante, exaltée et amoureuse, très fleur bleue dans l'expression de cette passion qui la submerge, puis devant le déni de l'homme sur lequel elle a jeté son dévolu, la douce jeune fille fait place à une femme hystérique, prête à tout pour vivre cet amour avec celui qui, abasourdi, se refuse à elle : Gilbert Melki sobre et convaincant, troublé, inquiet puis désemparé et impuissant devant cette tornade blonde qui se révèle à lui dans toute sa violence et sa folle exigence.
La comédienne a su tirer partie de ses failles et de ses faiblesses lesquelles lui ont permis de nourrir son jeu, des angoisses nécessaires dit-elle car elles nous bousculent. "Être trop sûr de soi représente un grand danger pour un comédien, et pour ce rôle en particulier j'avais besoin de me sentir fébrile comme un enfant inquiet et excité face à l"inconnu. Mais en même temps je devais veiller à ce que ces angoisses ne me bloquent pas, ce qui m'aurait alors rendue incapable d'intégrer ce personnage ambigu et ambivalent oscillant sans cesse entre raison et folie."
Seulement voilà, malgré la prestation magistrale de l'actrice on n'est pas vraiment convaincu : trop d'excès nuisent au scénario devant lequel on ne peut s'empêcher de sourire comme dans ces films d'horreur médiocres où l'on se demande jusqu'où l'héroïne va bien pouvoir aller.
Une réalisation néanmoins qui a le mérite de nous montrer, une fois encore, qu'amour et haine sont intimement liés, et que solitude et narcissisme peuvent faire basculer dans la folie des êtres psychologiquement fragiles, et là Isabelle Carré est parfaite!