Histoire de ne pas mourir idiot, j'avais voulu voir Annabelle à l'époque de sa sortie cinéma. J'avais pris le soin d'attendre la fin de l'exploitation, dans un tout petit cinéma à deux salles qui programme tout deux mois après tout le monde.


Je voulais éviter la cohue. Je voulais éviter les ados en mode "je fais chier le monde" et la salle pleine où je n'aurais entendu qu'éclats de rire et réflexions bas-de-plafond. Mais le soir venu, le parking habituellement désert où il n'y avait plus aucune place de libre aurait dû m'alerter. Le hall plein, bruyant et agité s'en sera chargé. Abandonnant l'idée de voir le film dans de bonnes conditions, je rebroussais donc chemin, en maudissant cette jeunesse sans gêne et totalement je-m'en-foutiste.


Rien de tel aujourd'hui. Annabelle 2 : La Création du Mal, je l'ai vu en toute quiétude, si ce n'est les habituelles petites dindes que j'ai entendues en train de glousser dans mon dos. Le premier opus était-il naze au point de les dégoûter d'en voir la suite ?


On peut se poser la question d'autant plus que la première partie de cette préquelle est plus qu'honorable, installant une atmosphère réjouissante de fort belle manière, ménageant ses effets horrifiques tout en offrant au spectateur deux bons moments d'une trouille salvatrice. L'oeuvre utilise aussi, par ailleurs, l'ensemble des mécanismes relevant bien plus du film de maison hantée que de celui de possession. Une maison, immense, dans laquelle s'ébattent quelques jeunes filles d'un orphelinat délocalisé.


L'ambiance est très bien tenue et laisse augurer du meilleur si David F. Sandberg est capable de ramener son entreprise à bon port, d'autant plus qu'il tisse en filigrane une jolie petite histoire d'amitié entre deux des plus jeunes pensionnaires, dont une au visage d'ange et souffrant des séquelles de la polio, permettant de l'isoler et de la fragiliser.


Cela n'empêche pas Annabelle 2 : La Création du Mal de se montrer ultra classique et sans grande surprise. Mais, avec la religion pour une fois en sourdine dans la franchise et la solidité déployée, le spectateur commence à nourrir quelques espoirs de passer un bon moment.


Ce bon moment sera là. Mais il ne sera que relatif. Si Annabelle 2 se montrait simple, humble et efficace en ouverture, la seconde partie sera cependant affecté par le cahier des charges hollywoodien du film d'épouvante contemporain, avec, en préambule, l'apparition de jump scares de plus en plus gratuits et mal gérés à mesure que le film avance.


Mais le plus dommageable, c'est que Annabelle 2 passe d'un rythme très placide et tranquille à une sorte de frénésie qui ne manquera pas d'en laisser beaucoup sur le carreau. La deuxième partie sera donc envisagée comme une véritable Foire du Trône en cath-o-rama bruyant et furieux, dont les effets de plus en plus énormes auront pour conséquence immédiate d'anesthésier celui qui a payé sa place. Ce dernier commencera par ailleurs à penser que certaines péripéties, comme le fait de faire peur à une pauvre handicapée en fauteuil dans une embardée pas très réussie, sont directement reprises d'Insidious 3, qui n'était pas déjà une référence. Le Crooked Man de Conjuring 2 sera remplacé, lui, par un simple épouvantail...


Cette deuxième partie réservera cependant encore quelques bonnes images, comme des yeux qui se dessinent dans l'obscurité ou ces doigts retournés de manière extrêmement douloureuse. Mais elle tranche trop avec la sûreté tranquille de la première moitié, tout en devenant bien plus graphique et gore. Tandis que le scénario révèle des trous énormes et des retours assez improbables.


Mais malgré l'évolution loin d'être ascendante du film, il m'est resté, une fois la séance terminée, une satisfaction. Certes mesurée, mais une satisfaction quand même. Celle liée à une entame pleine de promesses et à une atmosphère savamment orchestrée. Et il y a la petite Janice, adorable et ravissante, interprétée par une Talitha Bateman que l'on rêve tous d'avoir pour fille, dessinée dans une relation étroite d'amitié qui, si elle n'est esquissée, n'en est pas moins jolie dans certains de ses moments.


Même s'il faut bien reconnaître que The Jane Doe Identity, jusqu'ici patron de la trouille 2017, peut dormir tranquille...


Behind_the_Mask, qui respire à l'idée que la poupée hantée ne soit pas sa poupée gonflable.

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le 12 août 2017

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