On ne peut pas nier qu'Alex Garland ait souhaité proposer quelque chose d'intéressant avec cette histoire de zone extraterrestre résistant à toute forme d'exploration ou de compréhension de la part des humains. Le projet était ambitieux et l'attente à la hauteur.
Le problème, c'est qu'en dehors d'un dernier quart d'heure relativement réussi, le film ne propose non seulement rien de nouveau mais se borne à recycler des motifs déjà vus ailleurs en espérant que le mélange fonctionne. Or il n'en est rien.
On retrouve ainsi dans Annihilation un peu d'Avatar dans l'idée d'une nature prête à reprendre ses droits, un peu de The Thing avec les créatures dupliquant l'ADN, un peu de Stalker bien évidemment avec ce sanctuaire extraterrestre interrogeant l'identité psychique des visiteurs et même d'Under the skin pour l'idée d'emprunt du corps des humains par les aliens. Le tout agrémenté d'une sauce New age que ne renierait pas un Terrence Malick "deuxième période". Vous secouez le tout et vous obtenez...ce machin.
Le problème, c'est que les films précités sont réussis pour leurs personnages, leur cohérence ou leur mise en scène, autant de qualités qui font précisément défaut à Annihilation.
A commencer par la narration construite très artificiellement sur une série de flashback qui n'apportent rien à l'histoire (et qui ôtent une partie du suspense pour le peu qu'il y en ait). De même de ce scénario qui nous sert incohérences sur incohérences : la manière dont les cinq scientifiques vont se comporter dans cet environnement hostile est tout sauf crédible : l'attitude de celle qui attache ses collègues dans un moment de folie est juste incompréhensible : pourquoi agit-elle ainsi ? Où sont les enjeux pour elle ? Pourquoi des individus aussi fragiles psychologiquement ont-ils été sélectionnés pour une mission aussi périlleuse ? De même, la façon dont elles se font prendre au piège par les animaux sauvages ressemble à de l'amateurisme. Presque un mauvais gag. On sourit de tant de balourdise. A ce stade du film, tout prête tellement à caution qu'on se fiche complètement qu'elles soient mangées toutes crues par


un crocodile à dents de requin ou un ours-sanglier à tête de mort (si, si).


Côté réalisation, ce n'est guère mieux : placements de caméra improbables (ce plan du fond de la gueule du crocoquin (ou du requindile)), musique inadaptée et abondance de clichés. Ainsi nos aventurières font-elles des tours de garde la nuit, ça fait western, la chef tête-de-mule fonce tête baissée, la soit-disant biologiste fait des prélèvements avec son coton tige, et l'héroïne culpabilise pour une coucherie d'un soir...avec un collègue black ! Hum.
Et pour ce qui est de la psychologie (à deux balles) ou du discours existentiel, c'est à pleurer...de rire.
Heureusement les dix dernière minutes nous sauvent d'une indigestion complète.


Scénario/histoire : 4/10
Personnages/interprétation : 3/10
Mise en scène / réalisation : 4/10


3.5/10

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le 13 mars 2018

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Theloma

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