Annihilation avait tout pour me plaire : une audace visuelle, un univers aux contours flous vacillant entre SF et fantastique, une foule de questions sans réponses, une fin ouverte, le tout bâti comme une allégorie de la dépression qui vous colle à la peau pour ne vous sauter à la gorge que lorsque vous tentez de la fuir, un premier contact filmé comme une chorégraphie de danse moderne. Ce « I don’t know » scandé par Nathalie Portman tout au long du film comme seule réponse possible à la rencontre avec une altérité si indicible et incompréhensible qu'elle dilue notre propre identité...


Mais force est de constater que le film m'a laissé sur le bord du chemin. La faute à des effets visuels par moment un peu ratés qui m'ont sortis du film, un comble pour un film qui parie avant tout sur son effet de dépaysement et sa force de frappe visuelle et pour un réalisateur dont le précédent film, Ex Machina a remporté l'Oscar des meilleurs effets spéciaux avec un budget quatre fois moindre. On peut faire d'excellents films de SF sans effets spéciaux, mais on ne peut sans doute pas faire Annihilation sans un budget conséquent.


J'ai envie d'aimer Annihilation parce que j'ai envie de voir d'autres films de genre de cet acabit, qui parie sur l'intelligence du spectateur, et de préférence en salles et non pas bradé à l'international pour être refilé à Netflix. Je l'aurais sans doute porté aux nues si je l'avais découvert dans les salles obscures d'un festival, porté par un créateur inconnu, mais de la part du réalisateur d'Ex Machina, on était en droit d'attendre mieux.

clemlatz
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le 13 mars 2018

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