Annihilation a de quoi susciter le débat, entre l’approche métaphysique, le trip LSD, le féminisme, l’écologie et la biologie, le réalisateur de Ex-Machina doit se douter que son nouveau film ne laissera pas indifférent. En même temps, en tant que scénariste il continue d’explorer les possibilités d’un futur, toujours plus grand et menaçant ; Annihilation s’inscrit donc parfaitement dans son schéma de pensée.
Pour ma part j’ai eu du mal à entrer dans le film, la faute à Natalie Portman. Difficile de détacher la femme publique, aux prises de positions radicales mais pas toujours réfléchies et l’intro du film qui se rattache à un personnage froid. On a plutôt hâte d’entrer dans le vif du sujet et de se détacher de l’image de l’actrice.
Car c’est bien cette bulle magnétique qui nous intrigue, même si les questions humaines sont toutes autant importantes dans la construction de l’histoire.
On apprécie d’emblée une équipe entièrement féminine (on évitera de se poser des questions sur ce choix après les affaires de harcèlements), et le film semble vouloir appuyer ce propos dans l’histoire, sans jamais vraiment être explicite. L’ADN joue donc dans la cours des miracles à partir du moment où le spectateur comme l’équipe se retrouvent au milieu d’une jungle luxuriante aux couleurs acidulés. Le risque était grand de paraître ridicule mais le cauchemar est plutôt bien maîtrisé et parvient à faire progresser le groupe dans un état de fascination autant que d’angoisse. Annihilation agit d’ailleurs subtilement sur la question des oppositions, entre la vie et la mort, la beauté et le monstrueux, installant son film dans une atmosphère de mystère autant que d’horreur.
Du coup, la progression n’est pas ennuyeuse, le trip LSD fonctionne et on se laisse mener même si on reste dubitatif.
Reste des mécanismes très hollywoodiens : décimer l’équipe en devinant par les personnalités qui flanchera en premier, la construction de monstre facile à éliminer… qui viennent assurément pimenter le récit mais sans aller dans le sens du propos.
Annihilation s’en sort tout de même dans son approche scientifique et reste captivant. Sa fin métaphysique lui donne une approche plus expérimentale et permet à son réalisateur d’aller jusqu’au bout de son propos. Le film se sert de nombreuses références cinématographiques (Stalker, Under the Skin, Intrusion, allusions à Cronenberg, etc.) sans pomper ces dernières pour apporter sa propre vision.
Même si tout le monde ne s’accorde pas sur la finalité de Annihilation, il en reste une bonne expérience, abordant la thématique du deuil, de la mutation, avec pour atout son décor. Un film qui tient la route, tant dans son scénario que dans son intrigue.

LuluCiné
7
Écrit par

Créée

le 28 avr. 2018

Critique lue 171 fois

LuluCiné

Écrit par

Critique lue 171 fois

D'autres avis sur Annihilation

Annihilation
adventureboy
4

Auto-Annihilation

Après une belle série de ratés cinématographiques, débarque enfin le film Netflix le plus prometteur. Un projet SF avec Nathalie Portman, par un jeune réalisateur dont le premier film Ex Machina...

le 13 mars 2018

218 j'aime

56

Annihilation
SanFelice
7

Tumeur maligne

Les premières minutes du film nous plongent d'emblée dans une ambiance de mystère qui restera un des points forts d'Annihilation. Léna (Natalie Portman) est interrogée par un homme en combinaison NBC...

le 13 mars 2018

173 j'aime

2

Annihilation
Peaky
9

L'expérience traumatisante d'une merveille de Science Fiction

J’ai le cœur qui bat à 100 à l’heure, mes mains tremblent, j’encaisse. J’encaisse ce qu’il vient de se passer, ce qu’il vient de se dérouler sous mes yeux. L’expérience est traumatisante et laissera...

le 12 mars 2018

115 j'aime

16

Du même critique

Memento
LuluCiné
5

Critique de Memento par LuluCiné

Les adorateurs suprêmes de Nolan ne citent que Memento comme référence. Pour tous les autres n'ayant pas un avis surdosé sur le réalisateur, le film vaut le coup d’œil pour son montage décousu...

le 26 nov. 2014

32 j'aime

4

Hérédité
LuluCiné
5

Critique de Hérédité par LuluCiné

Et voilà qu’on nous refait le coup du renouveau du film d’horreur, et cela à bon escient car c’est pour mieux s’éloigner du produit ultra fabriqué surfant sur la vague du marketing et du jump-scare...

le 18 juin 2018

26 j'aime

2

Knight of Cups
LuluCiné
3

Critique de Knight of Cups par LuluCiné

Mieux vaut savoir à qui on a affaire quand on va voir un film de Terrence Malick, son cinéma n'est pas à la portée de tous mais garde un mysticisme et une palette des sensations qu'on aborde toujours...

le 25 nov. 2015

21 j'aime

2