« Les poignards qui ne sont pas dans les mains peuvent être dans les paroles. »
Donner un avis objectif sur ce film, me parait chose bien périlleuse, voire trop ambitieuse.
Anonymous s'amuse à réinventer, à démystifier le grand et inégalable dramaturge William Shakespeare, et nous propose une version particulièrement sombre de l'Histoire. Bien plus qu'une remise en question sur la paternité des œuvres de Shakespeare, Anonymous est une immersion parfaitement maîtrisée au cœur de l'Angleterre élisabéthaine, dans une époque agitée d'intrigues politiques, de complots d'aristocrates avides de pouvoir ou de poésie...les deux ne pouvant subsister ensemble.
Si Anonymous tente de résoudre une énigme, il ne se revendique en aucun cas détenteur d'une vérité fondée. Cette histoire nous est racontée dans un endroit aussi improbable que bien pensé : le théâtre. Là où tout peut-être dit.
Il est intéressant, à travers ce film, de constater ce débat, cette dualité entre l'art et le pouvoir. L'art a toujours été là pour dire quelque chose, pour dénoncer, rire de ce ridicule qu'est l'Homme. Rire du pouvoir. Il est important de se rappeler ceci, car on en oublie souvent la force, le pouvoir ...mais celui des mots. Celui capable de soulever un peuple.
Qu'importe la vérité, si Shakespeare est un imposteur, car le plus important est ce qui reste, à la fin. Et à la fin, ce qui reste, et perdure, ce sont les idées, et les mots qui ne meurent jamais.