C'est l'histoire d'Édouard de Vere (Rhys Ifans), 17e comte d'Oxford, qui s'est avéré être l'auteur de toutes les pièces de William Shakespeare sur fond de succession du trône de la reine Élisabeth Ire d'Angleterre (Vanessa Redgrave) entre le clan Tudor et le clan Cecil. Rappelons que ce film était nominé aux oscars pour les meilleurs costumes et ne l'a (heureusement) pas reçu.
Il faut avouer qu'Anonymous a quelques bonnes idées, le film se situe en fait dans une mise en abîme où un metteur en scène raconte la pièce qui va se jouer derrière lui, et la pièce devient le film. A cela on peut rajouter un bon concept, cette idée que Shakespeare n'existe pas, qu'il n'est que le comte Edouard de Vere, cette idée va en plus très bien avec le contexte du 15ème siècle où des artistes se battaient contre des dévots contre la censure. Anonymous montre d'ailleurs plutôt bien dans son début cette « bataille intellectuelle » mais au moment où le film finit enfin de poser ses bases nous retournons 5 ans en arrière : nous devons nous réapproprier le film avant qu'il ne remonte encore de 5 ans ! Ajouter au résultat final toutes les intrigues secondaires un peu encombrantes, et vous perdrez assez vite le fil du récit.
A qui la faute ? Le monteur peut-être, il est vrai que le montage alterné passe bien mais peu être un peu encombrant quand on remonte dans le passé du passé... Mais plus que l'histoire, il y a aussi des tas d'acteurs (même si l'histoire peut se résumer à Rhys Ifans, David Thewlis et Edward Hogg), et comme leurs performances ne dépasse pas le seuil de la moyenne, il est quasi impossible de les différencier autrement que par leurs physiques.
Les costumes du film, nominés aux Oscars, sont (comme dans la plupart des films américains) trop extravagants, certainement du fait que l'Amérique n'a quasi pas connue cette période de l'histoire (devons-nous rappeler que Christophe Colomb à découvert l'Amérique en 1492 ?). En les rendant trop extravagants, les costumes sonnent donc faux, pas autant que dans Les Trois Mousquetaires (de Paul Wes Anderson) qui tenaient plus de la science fiction que du roman d'Alexandre Dumas, mais ce n'est pas pour autant qu'ils sont réalistes et rendent bien l'histoire, plutôt que d'être transportés dès le premier coup d'œil au 15ème siècle comme dans The Artist de Michel Hazanavicius, dans Anonymous nous sentons que ce n'est qu'une tentative d'imitation de l'époque.
Pourtant quelques beaux plans ont étaient utilisés dans ce film, dont le meilleur est en référence direct à Shining (de Stanley Kubrick), un plan séquence dans un certain labyrinthe dont les murs sont fait de végétation, le tout filmé de face. Pour en revenir au début du film, le plan séquence est bel et bien le plan le plus proche du théâtre, après tout le théâtre n'est-il pas qu'un plan séquence ? Malheureusement, cette bonne idée n'est utilisée qu'une seule fois.
Les lumières jaunâtres, bleuâtres ou à la limite du noir et blanc servent à la narration en accentuant le côté vieux du film, ce qui est une bonne idée en soit car elles donnent au film un côté « vieux », de plus le filtre est léger et donc « au pire » non encombrant.
Mais voilà, même si Anonymous est un des projets les plus ambitieux de Roland Emmerich, il n'empêche qu'il est totalement incompréhensible. Une bonne idée, une bonne équipe technique, mais un mauvais scénario qui fera couler le film aux fins fond des abysses...
Pierrick Boully