Anonymous par Hugo Harnois
Qui était William Shakespeare ? Avec son enfance modeste, où a t-il acquis une telle culture et d'où vient sa connaissance du catholicisme ? Ce sont les questions que Roland Emmerich (papa de Godzilla et autres catastrophes naturelles) s'est posé. La scène introductive présente un théâtre (contemporain celui-ci) où le narrateur explique aux spectateurs le mythe du plus grand dramaturge anglais. L'identification au public est facile certes, mais efficace, afin que l'on entre pleinement dans l'époque élisabéthaine. La lumière est belle, plutôt travaillée, les costumes et décors sont fidèlement représentés, et il est intéressant d'observer comment se déroulaient les pièces de théâtre à cette époque.
Cependant, à force de vouloir être sur tous les fronts, Emmerich se perd dans son propre film en bâclant certaines histoires et en brassant trop de genres différents, qu'ils soient politique, historique ou littéraire. Les personnages y sont fades et sans réels reliefs, avec trois figures principales déjà vues : le génie incompris, l'admirateur sans talent, et l'idiot caricatural. Ce dernier, c'est William Shakespeare. Attention, le choc risque d'être rude. Le réalisateur le voit comme un être vicieux, vaniteux et malhonnête qui ne sait même pas écrire son prénom. Il y a en effet des hypothèses qui exposent différentes théories sur l'auteur : certains se demandent si un seul et même homme a pu écrire toutes ces pièces vu leur variété, d'autres affirment qu'il n'a jamais existé. La thèse d'Anonymous pourrait donc être plausible puisqu'il était de coutume à l'époque d'utiliser un prête-nom pour les seigneurs qui écrivaient des pièces.
On se mettra finalement d'accord sur une chose : ces œuvres ont réellement existé et perdurent encore 400 ans plus tard, par leur génie et leur force de réinterprétation.