AntMan est décevant, et ce à presque tous les points de vue.


Je n'ai pas lu le comics correspondant, j'ignore comment ils sont traités à la base, mais va falloir qu'on m'explique quelques détails qui sont quand même gros à mes yeux. Premièrement, quelles sont les conséquences physiques de son pouvoir ? Cela me paraît incohérent : via un schmilblick physico-particularo-quantique, Ant Man a donc la possibilité de réduire sa taille, ainsi que celle de son équipement. Je n'ai pas de problèmes avec ce genre d'astuce type boîte noire scientifique, c'est un ressort scénaristique tout à fait acceptable, faites nous rêver, ok. J'accepte le postulat scientifique (à base de liquide jaune fluo contenant la particule, dont le méchant convoite la formule haha, mais d'accord). Mais bordel soyez cohérents ! Alors dans les moments où ça l'arrange, Paul Rudd conserve sa masse (et l'énergie cinétique qui lui est associée), quand il s'agit de donner des coups en fait, et dans d'autres il est réduit à quelques grammes, quand il s'agit de monter une fourmi volante tel un cow-boy, de marcher sur le flingue et le bras d'un méchant sous-fifre sans que son bras ne s'affaisse, ou foutre le train jouet à terre, comme vous voulez.


De même, la douille du régulateur sub-atomique n'est pas passée. Donc pour dérégler le régulateur du chauve, démoniaque et insupportable méchant (ou pour mettre hors d'état de nuire le missile nucléaire russe fonçant vers les States (!) ), il doit passer sub-atomique pour traverser la paroi protectrice qu'il n'arrive pas à forcer. Je veux bien, mais faut vraiment m'expliquer comment il fait pour dézinguer quoique ce soit à cette échelle. Passons sur la représentation des atomes (mais si, à un moment, avant qu'il erre dans son vortex quantique (ou un truc comme ça), le truc avec les électrons qui tournent autour !).


Bon, ça c'étaient deux points qui m'ont gêné, mais qui sont tout de même cruciaux pour la narration, vous en conviendrez. J'imagine que ça passe au dessus de la tête de la majorité des spectateurs de toute façon, donc a priori rien d'essentiel. Je suis de manière plus générale consterné par l'usage magique et surtout incohérent que ce genre de blockbuster peut faire de la science/technologie. Quand Tony Stark construit une putain d'armure grâce aux super géniales technologies secrètes qu'il n'a eu de cesse de développer, pourquoi pas, quand il crée (non pas découvre hein, crée, carrément) un nouvel atome à base d'un plan de ville légué par son père et des lasers-surpuissants-qui-éblouissent, c'est non. Et la physique quantique, haha, j'en avais pleuré de rire dans X-Men Days of Future Past quand ils racontent que le temps c'est une rivière et que la physique quantique c'est c'est comme jeter un caillou dedans (de mémoire). Il a bon dos Max Planck quand même.


Digressons un peu sur le traitement de la science/technologie dans ce type de blockbuster. Il y a un an, j'avais réalisé un rapport pour le compte de quelqu'un qui écrivait un manuscrit de science-fiction. Il avait en tête des idées que je devais appuyer en imaginant la science (fictionnelle donc) qui servirait à la narration. Face à ses propositions quelque peu farfelues, j'avais alors utilisé l'exemple de "La boule de billard" de Asimov : ce brave Asimov construit sa nouvelle autour d'une invention scientifique, qui permet notamment d'annuler tout champ gravitationnel. C'est une nouvelle brillante je trouve, car comment marche ce génial procédé exactement, on s'en bat les couilles. Asimov reste sobre, ne cherche pas à en mettre plein la vue avec du jargon scientifique, qu'il maîtrise pourtant, et propose une nouvelle passionnante malgré tout, un modèle pour moi.


Quand Nolan écrit Inception (on peut penser ce que l'on veut du film en lui-même), il évite cet écueil : comment sa machine à pénétrer les rêves fonctionne, ce n'est pas expliqué, c'est un fait présenté comme tel au spectateur. Là ou d'autres auraient rajouté des gros plans dégueus de neurones en ébullition et autres explications foireuses, il les zappe, et s'évitent ainsi de dire des conneries et de forcer d'inévitables incohérences.


Ce que je critique ici n'est pas l'utilisation de la science comme astuce scénaristique, ce serait con. Ce qui m'ennuie, c'est de l'utiliser comme vernis crédible (saine et souhaitable volonté selon le genre du film), et d'en faire n'importe quoi par la suite, ridiculisant le scénario.


Certains ne manqueront pas de me dire que c'est le genre qui veut ça, le fun des explications délirantes. Soit. Mais le ton du film, la portée de ce vernis scientifique doit être dosé en conséquence. Ce qui n'est pas le cas ici.


J'ai chipoté sur ce qui vous apparaitra probablement comme secondaire. Passons maintenant au film.


Le méchant, ses motivations, son jeu d'acteur de méchant, sont pitoyables. De toute façon, à part peut-être Jeff Bridges ou vite fait Loki, Marvel n'a toujours présenté que des méchants pitoyables. Quand le chauve sort son armure jaune, on ne peut penser que à un Iron Man kitch. D'ailleurs ils sortent d'où ces rayons lasers bleus à la con ? C'est déjà une putain d'arme en soi, nan ?


Paul Rudd ne présente pas ici son meilleur jeu d'acteur et fait ici du Ben Affleck sans charisme. Il a l'air d'accepter sa mission d'un parfait inconnu sans enthousiasme, motivation, questions, révolte, colère, ou sentiment quelconque, le tout en cinq minutes top chrono. La relation père-fille est bâclée, la tension n'est pas pour le coup "perceptible", comme on dit dans les livres. Comment peut-elle lui sortir un truc aussi violent que "C'est pas comme si tu me mens sur la mort de ma mère depuis des années" avec un demi-sourire insolent ? L'apprentissage des pouvoirs d'Ant Man donne lieu à des scène convenues (enchaînement des leçons, des fails puis du succès sur musique entraînante, toi même tu sais). Je ne m'étale pas sur le "Je vais prendre le plaisir de te tuer moi-même cher mentor", et autres scènes de bâillements. L'enjeu principal, à savoir la possession par Hydra d'armures telles celle d'Ant-Man, nous paraît bien lointain et insignifiant. Et dire que presque tout est prévisible est un doux euphémisme.


J'ai quand même aimé les scènes où le mexicain raconte ses histoires, et le fait que le traditionnel baiser entre le gentil et la gentille nous soit habilement épargné.


Le principal intérêt du film, c'est quand même de noter que Avon Barksdale joue dedans, et de s'esclaffer bruyamment dans la salle de cinéma quand Stan Lee apparait, parce qu'on est des connaisseurs nous.

simmer
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le 17 juil. 2015

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