on s'en fout un peu, non ?
Avant le début de ce film, nous avons essayé de nous souvenir du premier. Et personne n'arrivait à retirer plus d'une scène ou deux et peut-être un élément scénaristique. C'est maigre, et ce n'est pas bon signe.
D'autant que la bande annonce n'avait rien fait pour faire monter l'intérêt, que la concurrence dans la case "action" cet été est plutôt relevée (M:I Fallout et les Indestructibles 2 ayant placé la barre très haut) et que le MCU a déjà livré deux de ses meilleurs films cette année.
Cet Ant-Man 2 fait un peu office de cousin sympa mais un peu relou qu'on présente contraint et forcé.
Et on aura beau le présenter comme un "breather episode" entre les 2 Avengers, il a tout l'air sur le papier d'un épisode filler sans aucune intention autre que d'atteindre le nombre d'épisode requis par la prod. Allez certains épisodes filler de série se trouvent être parmi les meilleurs justement parce que les auteurs utilisent cette liberté par rapport à une narration d'ensemble pour développer des pans de leur univers trop souvent sacrifiés, essayons au moins d'y croire
je ne peux pas m'en foutre si je m'endors avant !
Le film commence et très rapidement une constatation s'impose : les enjeux du film sont maigres.
Très maigres.
Et du coup l'intérêt du film est au même niveau, et comme il ne s'appuie que sur des personnages à peine développés, ça ne l'aide en rien.
Et le premier antagoniste désigné, campé par un Walton Goggins qui mérite quand même beaucoup mieux, se démarque dans le MCU comme étant un des plus oubliables. Ce qui est un exploit en soi au sein d'une franchise où les antagonistes sont le principal point faible. Et qui est bien embêtant après 3 films amenant enfin des adversaires mémorables (Le Vautour de Spiderman, Killmonger dans Black Panther et Thanos d'Infinity War) qui laissait présager une prise de conscience chez Marvel qu'un bon méchant est une composante forte d'un bon film (le Vautour sauve quasiment à lui tout seul un Spiderman : Homecoming plus que quelconque).
Ceci est l'occasion rêvée pour une scène d'action molle où la seule bonne idée est spoilée par la bande annonce (la salière)... et l'apparition d'un nouvel antagoniste cette fois un peu plus intéressant et qui porte la principale réussite visuelle du film (les effets de décohérence du Fantôme sont vraiment à mettre au crédit du film) et un soupçon d'enjeux supplémentaires. Rien de bien trépidant, mais au moins, enfin, de quoi éviter de s'endormir. Et d'apporter un peu d'espoir que le filme finisse enfin par livrer quelque chose. Parce que jusque là, ce premier quart d'heure était franchement ennuyeux
ne pas confondre légèreté et transparence
Le reste se veut, comme le premier film, se situer dans la comédie d'action. Mais là où Ant-Man apportait au moins une dimension de film de casse qui lui donnait un peu d'identité, Ant-Man et la Guêpe déroule un canevas convenu du genre, sans transgression et sans même le faire particulièrement bien.
N'est pas Shane Black qui veut.
D'autant que les blagues, en VF au moins, ont beaucoup de mal à faire mouche. L'abattage de Michael Peña ne fonctionne réellement que lors d'une seule scène :
l'interrogatoire
Et si les premiers instant de
la possession de Scott par Janet
font sourire, la scène dure trop longtemps pour ne pas finir par lasser
Les scènes d'action sont filmées très basiquement, manquent à nouveau totalement d'enjeux et si elles montrent certaines idées dans les jeux d'agrandissement et de rapetissement, c'est globalement maigre et assez mal exploité (surtout que, à nouveau, 90% des idées ont été dévoilées par la B-A....).
Bref on se retrouve face à une comédie d'action... ni très drôle ni réussie du point de vue action. Le ton est léger, mais tellement léger qu'on a l'impression que le film se force à l'être, et qu'il nous répète régulièrement "Oh ça va, je suis un film léger !". Ce qui, paradoxalement, finit par être franchement lourd.
Ah et petit détail insignifiant dont tout le monde, et moi le premier, se fout mais qui m'a fait tiquer. Le phénomène sur lequel vous basez votre techno-bullshit (quantique, le techno-bullshit) c'est pas l'enchevêtrement quantique, c'est l'intrication quantique. On s'en fout certes bien fort, mais c'est un des nombreux signes que la VF a été faite à la va-vite. Ca et la non-traduction de la moitié des jeux de mots sur "Ant" (Scott n'appelle pas ses fourmis de compagnies ANToinette ou ANTonio Banderas pour rien), mais la moitié seulement (parce qu'à un moment, on a une Fourmi-croonde qui sort de nulle part)
gros sabots et chausse-pied
La fin du filme cumule un peu toutes les tares repérées auparavant. Toute tentative de tension dramatique est désamorcée par des facilités de scénarios et une belle mise sous le tapis pour ne pas avoir à commenter la chose
Hank arrive au bout du minuteur ? Pas grave, ça marche quand même, et on ne nous en parlera plus jamais.
Ava démarre l'absorption de Janet ? Plan sur Janet qui a mal, retour à Ava, les héros l'arrêtent, plus aucune mention.
Janet est confronté à Ava ? Elle la soigne en un toucher magique (version adulte du bisou qui guérit), et on passe à autre chose
Tout est facile, immédiat, pire que dans un conte de fée. Ca pourrait énerver si on ne s'en foutait pas autant.
Le premier stinger, lui, amène de la façon la plus bourrine possible un élément qui sera utile dans Avengers 4, inséré à la hussarde parce que merde le film est fini et on l'a pas encore mentionné
"Et si tu vois un vortex temporel WINK WINK, ne t'en approche pas WINK WINK sinon on ne pourra plus rien pour toi WINK WINK".
Ils auraient remplacé ça par un simple "et tu vas voir un truc qui sera vachement utile dans le prochain film", ça aurait été un peu moins clair.
en fait, on s'en foutait vraiment.
C'est un peu mon unique pensée en sortant du film. Ce n'était pas nul, et quelques bouts de scène fonctionnaient même plutôt bien. J'ai ri une fois ou deux, sourit trois ou quatre fois. J'ai bien aimé le Fantôme, même s'il est gravement sous-exploité. Il y avait une ou deux utilisations des pouvoirs de rapetissement et agrandissement qui étaient amusantes.
C'est peu, mais c'est mieux que d'autres films.
C'était "léger", comme un parfum bas de gamme qui certes sent plutôt bon mais s'évapore aussitôt après et ne laisse aucune trace de son passage.
j'en ressors même pas déçu, juste totalement indifférent.
Et avec la certitude que celui-là, il me faudra moins de 2 ans pour l'oublier. Je table sur 2 semaines, en surestimant beaucoup mes capacités mémorielles.
Le genre de film parfait pour occuper un long voyage en avion ou un après-midi de grippe, tous ces cas où, si on s'endort au milieu, on n'aura rien perdu au final.