Antebellum, bien que le tournage ait commencé bien avant, fait écho aux récents évènements tragiques qui ont endeuillé et meurtri la communauté afro-américaine. La liste des violences policières semble se répéter inlassablement. Il y a eu George Floyd, homme noir non armé, étouffé par un policier blanc. Le 25 mai à Minneapolis dans le Minnesota, George Floyd est plaqué au sol, sur le ventre, et maintenu par le genou d’un policier sur son cou. L’homme proteste et supplie : “I can’t breathe”, “je ne peux pas respirer” mais l’agent maintient sa pression, même de longues minutes après que la victime ait perdu connaissance. George Floyd venait d’être arrêté car suspecté d’avoir utilisé un faux billet de 20 dollars dans une épicerie. Un motif qui a valu à ce père de deux enfants, agent de sécurité dans un bar, de mourir asphyxié.
Le dimanche 23 août à Kenosha dans le Wisconsin. Un homme noir, Jacob Blake, a été grièvement blessé par un policier blanc après des tirs dans le dos. Il a été touché par pas moins de sept balles dans le dos. Aujourd’hui hospitalisé il est paralysé des membres inférieurs. Quelques jours après l’exécution de Jacob Blake un homme noir a de nouveau été abattu par des policiers de Los Angeles. Ils lui ont tiré une vingtaine de balles dans le dos. Ils affirment qu’il était armé d’un pistolet semi-automatique. La victime, identifiée comme Dijon Kizzee, 29 ans, circulait à vélo lundi après-midi dans un quartier du sud de Los Angeles lorsque des hommes du shérif ont tenté de le stopper pour une infraction au code de la route.
Le massacre continue un jeune afro-américain a été abattu par un policier dans la capitale américaine, deux jours après le drame de Los Angeles. Les circonstances des faits n’ont pas encore été clairement établies. J’arrête là cette morbide chronologie mais tout me laisse penser que d’autres hommes noirs tomberont encore sous les balles de la police ou étouffés par un genou. Sans compter que le citoyen moyen y apporte sa contribution Le 26 février de cette année Ahmaud Arbery, afro-américain de 25 ans, faisait son jogging dans son quartier de Brunswick en Géorgie. C'est alors qu'il est pris en chasse par deux hommes blancs, un père et son fils, qui finissent par le coincer pour l'abattre de plusieurs balles dans le corps en pleine rue. Les meurtriers, qui plaident la légitime défense, l'auraient pris "pour un voleur en train de se pavaner".
Passons au film lui-même, la distribution est assurée par les deux réalisateurs Gerard Busch qui dit avoir fait un cauchemar qui lui a inspiré le film et Christopher Renz. Dans le rôle de Veronica, autrice de romans à succès, Janelle Monàe, le rôle de son compagnon Nick tenu par Marque Richardson, le fils du couple s’appelle Kennedy tenu par London Boyce, sa pote Dawn aux formes généreuses tenu par Gabourey Sidibe, la méchante et sadique Elizabeth tenu par Jena Malone, le Capitaine Jasper tenu par Jack Huston et pour finir le chef de la bande d’esclavagistes, le sénateur/Général Denton tenu par Eric Lange sans oublier l’autre copine de Veronica Julia tenu Kiersey Clemons, ah oui y’a aussi le soldat confédéré Daniel tenu par Robert Aramayo.
En rentrant dans la salle de projection je craignais de m’endormir, pas que le sujet ne m’inspirait pas, non, sinon je ne serais pas allé le voir. En fait je n’avais pas dormi plus de 3 heures en 36 heures. Je peux vous dire que je ne me suis pas endormi du tout, au contraire ça m’a remonté pour 24 heures de plus. Effet coup de fouet ! Le film est dur, très prenant, très limite lors de certaines scènes mais bon je ne vais pas faire ma chochotte. Contrairement à sa classification officielle ce n’est pas un film d’horreur avec créatures sanguinolentes, gluantes, putrides. Je vois plutôt ça comme un thriller mâtiné de fantastique avec quelques pincées historiques. Personnellement je le scinde en 3 parties plus un épilogue.


La partie 1 se passe dans une plantation de coton en Virginie tenue par des soldats confédérés et quelques civils pendant la guerre de sécession. Les conditions de vie pour les esclaves noirs sont effroyables, inhumaines. Déjà être esclave c’est pas top mais là c’est encore pire que le pire qu’on peut imaginer. La première comparaison qui me vient à l’esprit se sont les camps de concentration où les nazis exterminaient les juifs, tziganes, les slaves, toutes les populations considérées comme inférieures par l’idéologie hitlérienne. On y retrouve quelques ingrédients, travail forcé ici dans les champs de coton, les brimades, les exécutions sommaires, les coups de fouet, le marquage des esclaves au fer rouge et même un brûloir où les noirs sont jetés vivants et réduits en cendres. Eden (On apprendra dans la seconde partie que son vrai nom est Veronica) belle afro-américaine au regard de braise, les yeux brûlants de fièvre, est la propriété privée du grand chef de la plantation le général Denton. C’est son objet sexuel il la marquera d’ailleurs au fer rouge. Les sudistes n’ont pas le scrupule de ne pas avoir de rapport avec leurs esclaves, la femme noire est bonne à violer.


La partie 2 voit Veronica (Eden) se réveiller dans son lit. Flashback sur les heures qui ont précédé son enlèvement. Couché à ses côtés son compagnon, Nick. Dans une autre chambre dort encore leur enfant, Kennedy. Veronica est une autrice à succès qui milite très activement pour les droits civiques de la population noire. Dans l’après-midi elle fait une conférence devant des dizaines de concitoyens. Elle a énormément de pouvoir pour contrer le sénateur républicain Denton (le même que le général de la plantation de coton) Veronica est une très belle femme, dans cette partie du film elle me fait énormément penser à Whitney Houston, même classe, même sophistication, mêmes traits. Elle passe le reste de la journée avec deux amies. Le film s’éternise un peu trop sur la virée nocturne des trois femmes. Restaurant, blabla, trop de parlotte, trop de cabotinage qui ne font pas avancer l’histoire. Ça gâche l’intérêt que j’y portais jusque là. La séquence dure bien un quart d’heure. C’est vraiment dommage, ça fait perdre un point sur ma note de sept. Bref on sursaute quand Veronica croyant prendre un taxi pour rentrer chez elle se fait enlever par le Capitaine Jasper et Elizabeth la très sadique fille de la plantation.


Dans la partie 3 Retour dans la plantation tenue par les confédérés. Les brimades, les viols, les tortures continuent. La nuit est tombée. Après un défilé aux flambeaux et un grand banquet où les esclaves assurent le service et la baise elle finit par tuer son tortionnaire le Général/Sénateur Denton d’un coup de hache vengeur dans la poitrine. Ah ça fait du bien je l’avoue. Elle continue son action en jetant Jasper dans le bruloir. Elle allume avec une torche et Jasper finit en cendres. Ça fait encore plus de bien je l’avoue toujours. Cerise sur le gâteau elle bastonne Elizabeth l’attache à une corde, monte sur un beau cheval blanc et traîne super-pétasse dans la poussière sur quelques bons mètres. Super-connasse, tirée par Veronica à cheval, se fait exploser le crâne sur un arbre. Veronica finit sa course au galop en brandissant sa hache et traverse ce qui est en fait un des nombreux camps de reconstitution des batailles de la guerre civile Nord/Sud que l’on trouve en virginie. Celui-là s’appelait Antebellum…


Voilà l’histoire. Dans l’ensemble elle est bien menée, bien filmée, il y a de l’action, une bonne musique qui fait bien flipper, un univers parallèle qui au final s’avère bien réel, une manipulation peut-être un peu grosse et les acteurs jouent très bien sauf cette scène de 15 minutes dont je vous parlais dans la partie 2. Quoi qu'il en soit j'ai passé un agréable moment en compagnie de Veronica.

Daziel
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le 14 sept. 2020

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