Trop c'est trop
Ayant vu le film à l'époque en avant-première, je me contenterai de dire que c'est une oeuvre démente: le fruit d'un esprit malade et dérangé en dépit de certains passages assez beaux noyés hélas...
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le 15 août 2011
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J'admets qu'un film sur le deuil avec une petite touche d'érotisme et de noirceur, dirigé par un Lars Von Trier qui m'avait plutôt bouleversé avec Dancer in the Dark, ça ne pouvait être que très tentant ! J'en ressors plus que mitigé, alors que le film commençait pourtant vraiment bien.
Après sa touchante scène d'intro qui saisit un instant crucial dans la vie des protagonistes sur un doux fond de Haendel, Antichrist présente successivement les différentes étapes du deuil, à travers le personnage innomé interprété par Charlotte Gainsbourg. J'en profite pour souligner l'interprétation des deux acteurs, car même si l'actrice française reste la plus impactante, c'est Willem Dafoe qui sera le plus attachant.
Antichrist porte bien son nom, car il n'est en effet pas très catholique ! Entre la brutale et omniprésente dépravation et les cruelles mutilations sur une atmosphère hiératique à peine voilé, Lars Von Trier se complait dans un subversif très poussé, qui en rebutera certainement plus d'un.
A mes yeux, toute violence mérite justification, sans quoi on tombe dans la violence gratuite, ce qui présente généralement peu d'intérêt. J'accepte par exemple la violence physique et sexuelle d'un film comme Irréversible, car c'est tout le contexte global du film, et notamment sa narration non-linéaire, qui fait de cette violence un drame social. Antichrist, quant à lui, use d'un symbolisme inintelligible au premier visionnage, et fait du personnage de Charlotte Gainsbourg une enragée déséquilibrée et imprévisible. De fait, je ne comprends pas le personnage, je ne comprends pas ce que le film veut expliquer et ce qu'il cherche à démontrer ou à prouver. Il devient alors provocateur.
Je veux bien (encore que...) voir Willem Dafoe éjaculer du sang ou Charlotte Gainsbourg se sectionner le clitoris avec des ciseaux rouillés, mais je trouve cette apothéose mal amenée car elle donne l'impression de n'être là que pour remplir un cota de salacité, et perd du coup en crédibilité.
Les intentions douteuses de Lars Von Trier dénotent de ses images particulièrement léchées, tant lorsqu'il s'agit de paysages naturels que des corps nus des deux protagonistes. Le savoir-faire du réalisateur, allié aux deux superbes performances de ses acteurs, sauve le film, qui est du coup assez captivant tout en ayant ses instants de contemplation. Peut-être qu'Antichrist est un film incompris, mais en tout cas, il fait tout pour.
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le 1 juin 2021
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