Comme beaucoup, j'ai découvert cette oeuvre cinématographique en apprenant qu'il s'agissait du premier long-métrage de Brandon Cronenberg, fils de l'un de mes réalisateurs préféré.
Nous comprenons très vite que le réalisateur se retrouve fortement influencé par l'oeuvre de son père, David Cronenberg. Ce dernier est responsable de mes premiers émois cinématographiques et il me tardait donc de mettre la main sur ce qui s'annonçait comme une possible variante à son cinéma pré 21e siècle.
Antiviral nous immerge dans une société dystopique semblant assez proche de la nôtre au niveau temporel où les stars ne sont que réduite qu'à un simple produit de consommation malsain. La population se voit en effet offrir la possibilité d'acheter et de s'inculquer de les maladies/virus de personnalités connues dans le but de leur ressembler. Nous suivons alors le personnage de Syd March, travaillant pour une entreprise commercialisant des virus de stars, qui va lui-même s'injecter une maladie de l'une d'elles récemment décédée afin de tester le produit (le mot me semble assez juste au vus du sujet du film). Le jeune homme va rapidement comprendre qu'il vient de recevoir une maladie potentiellement mortel dans son organisme.
Sans en révéler, plus sur l'intrigue que je vous laisserai découvrir, force est de reconnaître que celle-ci est plutôt bien ficelée même si nous ressentons un essoufflement sur la dernière demi-heure, ne racontant finalement que peu de chose en plus que ce que le spectateur sait déjà.
Le long-métrage se démarque avant tout par son propos et ses thématiques. La société qui nous est dépeinte nous permet de constater à quel point la population semble vouloir vivre et exister exactement comme leurs idoles. Le mimétisme est si fort que certaines personnes vont aller jusqu'à se faire injecter les maladies de ces personnalités célèbres. L'une des premières séquences nous expose un jeune homme voulant avoir le même bouton à la bouche que sa star fétiche, comme si il voulait assimiler chaque partie de son idole même dans ses aspects les plus objectivement laid. Le personnage de Syd va alors lui demander si il veut le positionner sur ses lèvres le microbe comme si la femme l'avait embrassé. Le client accepte et l'injection du produit semble presque être presque un instant de jouissance pour lui.
Antiviral critique la déshumanisation qui est faite des stars. Elles ne sont plus qu'objet de marketing destinés à être utilisés de toutes les façons possibles. Brian Cronenberg pointe du doigt le fait que nous ne voyons plus les ces personnes que comme des êtres humains. Nous les sacralisons, mais finalement il ne sont que des Hommes. La société de consommation joue sur cette déification pour vendre ces personnes comme des produits et le métrage nous en expose sa pire variation.
Le consumérisme est vivement critiqué et pointé du doigt par le réalisateur. Comme dit précédemment, la population s'accapare et finit par dévorer les stars. Ceci est exposé assez explicitement par le fait que cette société permette de manger de la viande conçue à partir de cellules de personnalités connues. Le public, dans son besoin constant de s'approprier d'une façon ou d'une autre ces êtres humains, va donc aller jusqu'à consommer directement une star comme si celle-ci vivait à travers lui. Le cinéaste nous présente donc une idéologie où les célébrités ne sont plus que comparables à des morceaux de viande, de purs objets de consommation.
Les décors du film sont la plupart du temps assez uniforme avec une omni présence de la couleur blanche. Celle-ci, symbole de pureté, démontre que la société dépeinte sous nos yeux tente de se donner bonne image en toute circonstance. Syd March, campé par Caleb Landry Jones, est présent dans le récit pour montrer cette structure sociale et économique s'effondrer derrière cette sacralité illusoire.
Nous retrouvons dans le long-métrages des éléments de body horror faisant penser au cinéma de David Cronenberg, mais le fils du cinéaste réussi finalement à imposer sa patte et à s'émanciper malgré des influences paternelles évidentes.
Antiviral réussi selon moi à maîtriser ses thématiques, permettant une compréhension instinctive de la dystopie présentée sous nos yeux. Il est intéressant de constater que cette dernière est finalement semblable à la nôtre dans cette idée de consumérisme. Le système économique lié à nos célébrités n'est certes pas aussi abjectes que dépeint dans le long-métrage, mais le modèle économique et sociale reste le même. Nous sommes dans une dérive où la plupart des stars sont des objets commerciaux totalement déshumanisés. La population, les médias et les entreprises les sacralisent et les déshumanisent. Peu importe que ces personnes soient mortes ou vivantes, tant qu'il est possible d'en tirer de l'argent, la structure économique continuera à tourner. Le finale du film le démontre assez bien, mais je vous laisserai le découvrir par vous-mêmes.
Si le scénario en lui-même peut parfois sembler un peu long et vain sur son dernier tiers, il reste qu'Antiviral est une oeuvre valant totalement le décours et qui frappe fort de par le traitement de son sujet et ses thématiques.
Si l'on atteint certainement pas le prestige du père Cronenberg, il est certain que le fils possède un solide bagage et qu'il s'agit d'une carrière à suivre avec attention.