Cette grande référence de cinéma s'est limitée, pour moi, à ce coucher de soleil durant de bien nombreuses années. Oui cette affiche avec la grande jaune à l'horizon, ainsi que ce titre que j'entends partout, que je vois partout - APOCALYPSE NOW. Y compris dans le reboot de la Planète des Singes, troisième du nom, qui fait figurer le jeu de mot "APE-OCALYPSE NOW quelque part, dans une séquence du film. Trop culte pour passer à coté. Je m'y mets donc.
Ce film figure comme une première illustration d'un concept que je mets en place, les C.R, autrement dit Les Crossover Reviews. Le but étant l'analyse d’œuvres cinématographiques complètement différentes des unes des autres que j'entremêle, parce que certains pourraient le penser ; les comparaisons c'est nul, mais elles ne sont pas là pour rien.
Durant une semaine, j'ai visionné cinq films que tout oppose mais il y a des liens, je vais bien en trouver...
60 ans s'écoule, durant lesquelles Apocalypse Now fait quasi-unanimité auprès de la critique, puis arrive un petit con - moi - pas très pas emballé par tout cela. J'ai possiblement raté le bateau à quai, qui vient de remonter le fleuve il y a de cela bien longtemps sans doute.
Parce qu'Apocalypse Now c'est une représentation cynique et provocante de la Guerre. La perception d'un artiste - F.F Coppola - dénonçant une succession de défauts, qui font tantôt le charme de la Grande Amérique, tantôt la honte de l'humanité - faut pas manquer de le préciser. Merde. Je pensais que ça allait être un peu plus romancé mais j'accepte la mission, de toute façon pas le choix, les premiers quarante-cinq minutes m'ont super emballé.
Il y a un truc indéniablement réussi dans cette oeuvre, c'est cette approche paradoxale mais si juste de l'Amérique. Sous une approche satirique, limite parodique, allons-y les amis, tuons, festoyons et surfons sur fond de bonnes musiques classiques, l'oeuvre vise juste et au bon moment. A savoir, une époque dans laquelle, les Etats-Unis se proclament un peu plus encore, comme grands héros universels, prônant le patriotisme et la bien-pensance, ce à une échelle mondiale. Le continent ce n'était pas suffisant apparemment...
De supers grands décors naturels, des plans variés, on le sent oui, ce travail laborieux. Tout comme le script extrêmement fourni et subtile. Puis, des acteurs franchement très bons parmi ces gigantesques plateaux de tournage. La scène des cow-girls... A l'Amérique. Les natifs, quant à eux sont mis de mis côté, même d'un point de vue de mise en scène, parce que c'est sur ce quoi souhaite s'appuyer le film. L'humanité c'est le Blanc caucasien et par extension un peu le Noir américain aussi, lui avec sa culture unique, dominante, parfois soudainement envahit par la culpabilité puis non, plus tellement, enfin ça dépend... Entre trouver de bonnes vagues pour surfer et donner de l'eau à un truc... Enfin un Viêt... Les tripes à l'air, oui bon, un minimum de respect... Pour les surfers californiens. Ainsi donc Apocalypse Now dévoile la Guerre à l'américaine ; détruire les écosystèmes, les champs et les forêts, les maisons et les clôtures, puis tuer, mais cela en s'assurant de tout - j'ai bien dit tout - faire passer sous la cloche de l'entertainment. Oh, quand même... Donc ingénieux pour tous ces points.
Pourtant devant l'accueil positif que je semble faire face à cette proposition de cinéma, la dernière heure se transformera davantage en supplice. De nombreux plans s'enferment dans une atmosphère trop sombre, peu lumineuse et extrêmement latente... Le récit s'étire, j'en viens presque à oublier l'importance de la mission d'origine et c'est plutôt contrariant.
Mais certains plans m'ont énormément marqué, je ne manquerai pas de le souligner malgré que je ne sois pas emballé par l'œuvre générale. Et j'aime cet exercice ; assumer son désintérêt envers une œuvre faisant l'unanimité mais pouvoir aussi ressortir ce petit plan qui m'a fait triper. Pouvoir acclamer une idée de mise en scène, un point de vue, une réplique, en assumant pourtant ne pas avoir été séduit par l'œuvre dans sa globalité. Oui on peut ne pas aimer une chanson intemporelle mais en savourer que la partie instrumentale. Eh bien tiens je vais réaliser le même travail avec un classique que je n'apprécie guère et vue également cette semaine : Le Dernier des Mohicans.
Parce que là, ça sera aussi les (futurs) américains qui encore une fois mettent une raclée à des populations qui osaient dire "*beh on était là depuis bien avant vous..."