Voici l'enfer transporté de l'écran à la rétine. Quand Coppola se lance à corps perdu dans cette odyssée aux frontières de Conrad et du Vietnam, la rencontre des deux donne naissance à un film psychédélique voire irréel car à guerre surréaliste film surréaliste, et par moments à la limite d'un carnaval infernal.
Toute l'image est brouillée par ces fumées multicolores, à l'image de cette jungle brulant sans arrêt. Les hommes sombrant peu à peu dans la schizophrénie meurtrière, désespérément en quête d'une issue de secours qui ne débouche que sur la folie ou la mort.
Ce voyage nocturne dominé par les ténèbres, forme un soir éternel présent dans chaque recoin des scènes. Soit la part d'ombre de l'âme humaine projetée directement sur la toile d'un conflit eschatologique.
Apocalypse Now n'est pas un film sur la guerre mais sur l'homme quand il est confronté à lui-même, quand il réduit à contempler son reflet dans une flaque de sang aux allures de veine d'eau s'écoulant de la surface de la terre
Voir Apocalypse Now est une expérience dantesque sans pareil, qui nous fait débarquer à contrecœur dans l'enfer de la guerre. Une illustration parfaite de la fin de l'être humain dépassant les limites de l'inhumain, voire une hallucination cauchemardesque dont on ne peut pas se réveiller, car rêve et réveil sont tous deux cette réalité, l'inconcevable réalité: l'horreur.
"This is the way the world ends not with a bang but a whimper"
The Hollow Men, T. S. Eliot