La fin d’une civilisation vue à travers la focale ultra-réaliste de la caméra numérique de Mel Gibson, voilà en résumé le choc «Apocalypto». Après son héros vivant en marge de la société dans «L’homme sans visage»(1993), drame intimiste tiré d’un fait divers sordide, Gibson met toute sa hargne de réalisateur dans «Braveheart»(1995), fresque médiévale d’une violence inouïe dont le martyr de William Wallace fera écho au martyr de Jésus dans l’inoubliable et perturbant «La Passion du Christ»(2004). Gibson n’hésite pas à bousculer le spectateur, voire à le choquer, le sang et la violence comme un outil de propagande et sa quatrième réalisation «Apocalypto» ne dérogera pas à la règle. La péninsule du Yucatan (Amérique centrale) au XVIème siècle en toile de fond, Gibson entraîne le spectateur dans un survival viscéral qui prend corps dans un prologue sanglant où le village forestier du héros «Jaguar Pow» (Rudy Youngblood) est attaqué par des guerriers mayas venus chercher des captifs pour les prochains sacrifices humains de leur cité. Ayant mis sa famille à l’abri, «Jaguar Pow» est capturé, commence alors pour lui un voyage terrifiant au cœur d’une civilisation barbare. «L’enfer vert» de la forêt amazonienne magnifiée par la caméra de Gibson et la partition de James Horner sont un parti pris d’une violence frontale faite de sacrifices, de massacres, de charniers humains, rien ne nous sera épargné jusqu’à un final partial sur l’arrivée des Conquistadors espagnols. «Une grande civilisation n’est conquise de l’extérieur que si elle est détruite de l’intérieur». Will Durant