Deux demi-frères se blâment l’un l’autre pour la mort de leur mère. Sauf que l’un a été élevé par un roi psychopathe sous l'eau et l’autre, Arthur aka Aquaman, par Jango Fett (Temuera Morrison). Devenu adulte, Arthur devra confronter son cadet et réclamer le trône d’Atlantis pour empêcher une guerre avec la surface.
Pour ce sixième opus du DCEU on retrouvera non sans surprise James Wan, crack du cinéma d’horreur qui a inventé le sous-genre décrié du torture porn avec Saw (2004), avant de revenir sur un style plus classique avec Insidious 1 (2010) et 2 (2013) et The Conjuring 1 (2013) et 2 (2016). Mais il n’est pas non plus complètement étranger des blockbusters grand public avec Furious 7 (2017), que je ne pense pas avoir vu.
Sa réalisation est intéressante, notamment lors d'une première scène de baston (avec Nicole Kidman numériquement botoxée) très inventive. Certains plans larges sont véritablement magnifiques (la descente de la Trench, la découverte du trident). Mais il faut vraiment que Wan se calme sur les travellings circulaires. Oui, c’est cool, mais là c’est vraiment l’overdose, ça en devient ridicule. Autre coup de gueule, tant sur la réalisation que l’écriture : la séquence italienne, niaise à en pleurer. Amis de la subtilité, au revoir.
Mais s’il y a quelque chose à retenir de cet Aquaman, c’est surtout sa direction artistique décomplexée, qui prend le contrepied la période Snyder, qui se voulait sombre et réaliste. La couleur ici déborde de partout (la perruque de Mera, bon dieu, j’avais l’impression que l’écran allait fondre) et le film assume complètement le côté un peu cucul du comics original en essayant de le rendre cool. L’intention est louable mais je trouve le résultat très « hit and miss ». Certains designs sont excellents, d’autres franchement ridicules. Certains effets spéciaux sont convaincants, d’autres piquent les yeux. Après, c’est évidemment à l’appréciation de chacun.
Pourtant, si Aquaman tranche avec ses prédécesseurs, il reste dans le même univers, et là ça coince un peu je trouve. La cohérence « réaliste » a parfois été sacrifiée sur l’autel du design, avec par exemple l’eau qui n’a pas le bon goût de bouillir au contact de la lave en fusion, ou la timeline des Atlantes qui n’a aucun sens : une civilisation a disparue quand le Sahara s’est transformé en désert (il y a 100 millions d’années), tandis que Atlan un peu avant s’amusait à planquer des easter eggs sur des statues de Romulus durant l’antiquité. Bon, je dis pas que Batman V Superman était un model de cohérence mais on est à un autre niveau. Ça se ressent aussi dans le trop grand nombre de lieux visités, avec pour prétexte une chasse au trésor « clé en mains » bâclée : c’est la quantité au détriment de la qualité.
Autre problème d’écriture : les personnages. Si les acteurs ne sont pas mauvais, la plupart des personnages sont caricaturaux (Orm, joué par Patrick Wilson) ou superficiels (Mera, jouée par Amber Heard, ou son papa Dolph Lungren). Surtout, il y a zéro alchimie entre Arthur (Jason Momoa) et Mera. La comparaison avec un Black Panther (les histoires sont construites de la même manière) sorti quelques mois plus tôt, plus audacieux et plus engagé, n’est pas vraiment flatteuse.
Bref, Aquaman montre de l’ambition au niveau de la réalisation et de la direction artistique, pour un résultat très inégal. S’il a fait un carton au box-office (dépassant le milliard de dollars), il prouve que le DCEU n’a pas encore rattrapé le MCU.