Clara, journaliste retraitée, se retrouve confrontée à une société de reconstruction voulant acheter son appartement. Téméraire, elle se refuse à céder le toit qui fut le théâtre d’une grande partie de son existence. Kleber Mendonca Filho, qui signe ici son deuxième film, nous emmène dans un monde où la modernité et les MP3 ont remplacé l’humanisme et le grain chaleureux d’une autre époque. Grâce à une bande originale soignée, nous flottons, ou plutôt nous errons dans la vie d’une femme délicatement atypique. Chaque morceau de musique à la manière de la division du film en chapitre, semble nous révéler des parties intimes du protagoniste : Queen et Gilberto Gil n’ont décidément rien en commun sauf leur place dans la bibliothèque imposante de vinyle de Clara. Aquarius nous entraîne dans le quotidien d’une femme complexe et parfois odieuse, qui a tout de la grand-mère à la fois froide et chaleureuse au regard emplie de nostalgie. A la manière de Virginie Effira dans 20 ans d’écart (2012), quand elle chante « Résiste », Sonia Braga entonne « Fat Bottom Girls » pour montrer qu’elle refuse de céder au capitalisme et à cette nouvelle génération de jeunes, pédants croyant savoir mieux que tout le monde.
Le film s’inscrit dès lors dans le paysage cinématographique comme une ode à la contemplation du temps qui passe et d’une société en mutation. Si sa lenteur peut lui desservir, Aquarius est un film au casting impeccable et à la réalisation parfaite ; une pépite sociale brillante et touchante.
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