Arès
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Arès

Film de Jean-Patrick Benes (2016)

Cas d'école d'une industrie hypocrite !


Oui, je suis vénère ...



Nous avons le parfait exemple, ici, d'un projet qui aurait pu donner de l'espoir et un nouvel élan à un cinéma français qui se contente de peu depuis quelques années (pour ne pas dire décennies).
Arès est en effet, un film français de SF dystopique. Le pitch de base est très simpliste : un gars doit fighter sur un ring pour sauver sa soeur et ses nièces. Ok, ça je vous l'accorde, c'est pas ouf ... mais l'intrigue est malgré tout bien tenue par ses interprètes. Parmi eux :


Ola Rapace ... oui, Noomi était bien sa femme, ont divorcé mais a gardé tout de même Rapace comme nom de scène..., acteur suédois qui tient bien la langue de Molière malgré ses répliques courtes, on a notamment pu le voir en tant qu'antagoniste au sniper dans Skyfall. Ici, campe un personnage de gros dur ... qui ne dit jamais "merci", mais qui est prêt à se sacrifier pour sa famille. Fait le taff' à la Jason Statham et dans le même temps, à Jean Reno dans Leon (inspiration assumée du réal'). D'ailleurs, en parlant de Statham, on pourra noter la participation de Louis Leterrier (Le Transporteur) à la réalisation des scènes de combat (pas terribles).


Mention Spéciale à Micha Lescot qui interprète le voisin trans'(genre/formiste?) Myosotis, de cette petite famille avec une justesse remarquable. Dans ce genre de rôle, on a toujours tendance à en faire trop mais là, sa répartie tombe à pic à chaque fois, sans aucune caricature.



Et ce Paris de 2035, ça donne quoi ? Des voitures volantes ? Un dégueuli de CGI ?



Grand Dieu que non ! C'est précisément en cela que réside la principale force du film. Celle de nous dépeindre une société futuriste terrifiante mais crédible ... contrairement à ce que j'ai pu lire : 15 millions de chômeurs, des tentes aux pieds des monuments (Les Enfants de Don Quichotte, 2006), un pays en faillite dont la dette a été rachetée par les plus grandes sociétés aux milliards de bénéfices qui dirigent désormais les instances..., les gens sont libres de disposer de leur corps comme ils l'entendent donc légalisation de la drogue (sujet de société actuel), l'humain devient marchandise, faire flic pendant 24h ... D'autre part, hormis les bidonvilles en plein centre-ville, "l'aménagement urbain" n'a pas tellement changé. Les rues sont sales, les diodes de couleurs illuminent les routes, une présence accentuée des écrans (à l'image de la Tour Eiffel représentée dans le film) ... Inévitablement, le parallèle à Blade Runner tape à l'oeil ... Ici, l'aspect futuriste de la ville est beaucoup plus subtil mais néanmoins, efficace. Subtilité due au budget, me direz-vous et vous n'aurez pas tord ...



Oui, parce que ... (et c'est là qu'intervient mon quart d'heure "Guy Bedos" (RIP)),



Quel message souhaite faire passer l'industrie du cinéma français en octroyant à un projet d'une telle ambition, un tout petit 4 millions d'€ alors qu'on en offre ...10 millions pour "L'élève Ducobu" (L'élève Ducobu, m**** !!!!) ?
Quelle vision transparaît dans le choix des différents distributeurs quand vous apprenez que le film n'a fait l'objet d'aucune communication et n'a été diffusé que dans 87 salles (sur 5 913 au total, je le rappelle) ... (plus de 300 pour "Les Vacances de Ducobu", encore plus m***ique que le premier) ?


Sans surprise, le film fait injustement un résultat catastrophique lors de sa sortie en salle ... C'est ainsi, que le cinéma français continuera à produire des films de genre originaux à 2 sous.


Encore une bonne raison pour les grandes instances du cinéma (Césars, Oscars, Cannes) de ne plus cracher dans la soupe Netflix et consort, qui investissent dans l'originalité et l'expérimentation.

BastienCasa
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le 16 juil. 2020

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B. Casa

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