Après une palme d'or et le prix de la mise en scène au festival de Cannes, Emir Kusturica revient et signe Arizona Dream, un drame porté par Johnny Depp et Faye Dunaway.
L'histoire est simple sur le fond (les angoisses du passage à l'âge adulte) mais très intéressant sur la forme. Elle est traitée de manière complètement surréaliste, sur le fil entre les rêves et le monde réel. De ce fait, une discussion normale peut se terminer de manière complètement impromptue, un événement irréel est coupé par une réaction tout à fait banale, les personnages réagissent différemment de ce qui était attendu, etc. Parallèlement à cela, le film est ponctué de moments tristes aussitôt suivis de situations comiques (ou vice-versa), faisant ainsi un ascenseur émotionnel assez bien vu qui s'arrêtera dans le tragique dans la seconde moitié du film. Les personnages font preuve de poésie, que ce soit dans leurs actions (Elaine qui recouvre Axel de sa robe) ou dans leurs pensées (la métaphore du poisson qui a les yeux du même côté).
La musique donne à l'ensemble une ambiance très particulière, elle aussi en décalage par rapport à ce qu'on pourrait attendre pour un film de ce genre. Elle donne envie de poursuivre ce poisson dans le ciel de l'Arizona...