Where there is truth, there is victory.
Si l’Inde a réussi au fil des années à s’exporter jusqu’à devenir un vrai fabriquant de blockbusters internationaux (cf Ra.One), il lui manquait son film d’animation pour venir faire concurrence aux références du genre. Premier coup d’essai, première réussite. Arjun: The Warrior Prince est tout ce que l’on pouvait espérer d’un film d’animation contemporain, que ça soit dans son approche usant de plusieurs niveaux de lecture comme un Pixar, une animation et des effets-spéciaux coupant le souffle, en plus d’un traitement d’une grande fresque comme l’avait fait Hayao Miyazaki avec son Princesse Mononoke. La comparaison avec Mononoke n’est d’ailleurs pas hasardeuse, car il faut le reconnaitre, cette production indienne n’est pas à exposer aux plus jeunes, les gerbes de sang étant nombreuses, l’attaque d’une armée affichant des corps déchiquetés comme des feuilles de papier. Une approche que soutient cependant Disney, distribuant internationalement le produit, comme il l’avait fait avec celui de Miyazaki.
Ce qui frappe immédiatement avec la bobine c’est sa qualité d’animation et son soucis du détail. Tout a été fait en 3D (dans l’ancien sens du terme, pas de relief ici), et pourtant le chara-design est incroyablement riche, les personnages sont expressifs autant qu’ils le seraient en animation traditionnelle, les décors sont un enchantement et alternent 3D et 2D avec une grâce assez étonnante. Cependant qu’on ne se leurre pas, le studio UTV, bien que très compétent, a encore un peu de travail à faire dans le contrôle qualité. En effet il n’est pas rare de déceler de ci de là des maladresses, la 3D gâchant par moment l’ensemble, notamment lors de plan larges sur les cours d’eau, bien trop photo-réalistes pour coller au reste, de même qu’un plan rotatif autour d’une colline en révélant trop les polygones, ainsi qu’un money-shot titanesque d’une montagne s’écroulant, et paraissant encore une fois trop anguleux, là où l’animation traditionnelle aurait permis d’arrondir les débris, afin qu’ils aient la forme de pierres et non de morceaux de verre.
Reste que malgré ces défauts de novice les qualités restent bien plus indénombrables, avec l’utilisation du logiciel Massive, permettant d’afficher des foules sans fin, ce qui sera magnifiquement mis en avant avec un travelling arrière sur la citadelle, d’une immensité colossale. Quant au second logiciel utilisé il n’est plus à présenter, puisque c’est Renderman, le moteur de rendu de Pixar, d’où la finesse des détails et une gestion des lumières et dynamiques saisissante.
Mais Arjun ne serait pas la mise en image d’un héros mythique indien s’il n’avait pas le droit à une bande originale typique, ce qui est servi avec maestria, l’ensemble soutenant la pellicule comme elle le mérite, rythmes entraînants captivant le spectateur qui ne pourra que se sentir dépaysé, surtout s’il est étranger à cette culture.
Arjun est donc la consécration d’une figure héroïque, mais aussi celle du studio UTV Motion Pictures, qui pour un premier coup frappe très fort. Il est évident que son côté sanglant le privera de la partie la plus jeune du public, mais quoiqu’il en soit il est étudié pour les jeunes adolescents, puis ensuite pour les adultes qui souhaitent découvrir la légende et son texte caché, ainsi que s’exiler dans un monde où rythmes et couleurs dansent avec courage, fidélité, honneur et amour; un voyage qu’il serait franchement regrettable de louper…
